ROUILLER, verbe
Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 1180
rüillé adj. (
Hue de Rotelande,
Ipomedon, 7780 ds T.-L.: un'espee, Dunt li fers fu mut
rüillé); déb.
xiiies. (
Chrétien de Troyes,
Chevalier à la charrette, éd. W. Foerster, 5138, var. E: avoit [...] les chauces de fer chauciees, De la süor
roilliees);
b) ca 1195 intrans. « se couvrir de rouille » (
Ambroise,
Guerre sainte, 7643 ds T.-L.: haubers i
röillerent);
xves. réfl. (
Traité de tribulacion, Bibl. nat. fr. 1009, fol. 16 v
ods
Gdf. Compl.);
c) 1680 trans. « faire amasser de la rouille » (
Rich.);
2. p. anal.
a) 1225-30 adj. « (d'une personne) marquée de taches de couleur rouille; crasseuse » (
Guillaume de Lorris,
Rose, éd. F. Lecoy, 149);
b) 1715 trans. « produire la rouille des céréales sur » (
La Quintinie,
Instruction pour les jardins, I, 78 d'apr.
FEW t. 10, p. 430a); 1755 adj. (
Liger,
Maison rustique, Paris, Saugrain, t. 1, p. 629: froment
rouillé, c'est-à-dire qui est tout ridé, ratatiné et altéré).
B. Fig.
1. « s'altérer sous l'influence du mal, de la passion » 1558 adj. (
Du Bellay,
Regrets, CLXXIX, 3 ds
Œuvres poét., éd. H. Chamard, t. 2, 2, p. 194: La rancune, l'orgueil, le desir aveuglé, Dont cest aage de fer de vices tout
rouglé A violé l'honneur de l'antique justice); 1578 réfl.
se rouiller de rancune (
Ronsard,
Franciade, III ds
Œuvres, éd. P. Laumonnier, t. 16, p. 187, en note); 1584-87 trans. (
Id.,
Bergerie, 741, t. 13, p. 114);
2. av. 1577 «
id. sous l'influence de l'inaction » intrans.
laisser rouiller le soldat (
Blaise de Monluc,
Commentaires, VII, éd. P. Courteault, p. 820). Dér. de
rouille*; dés.
-er.