ROUILLE, subst. fém.
Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1170 « produit de la corrosion du fer » (
Chrétien de Troyes,
Erec, éd. M. Roques, 2640: Molt estoit riches li haubers..., N'onques n'i pot coillir
reoïlle); 1538 p. ext.
rouille du cuyvre ou de l'arain (
Est.,
s.v. aerugo);
2. a) 1269-78 p. anal. de couleur « tache de couleur rousse (sur le visage) » (
Jean de Meun,
Rose, éd. F. Lecoy, 10138: Joes de
roïlle entechees);
b) 1591 « maladie des arbres » (Ch.
Estienne et J.
Liébault,
Agric. et maison rustique, Lyon, Jaques Guichard, III, fol. 229 r
o);
c) 1803 « altération du tain dans une glace » (
Boiste);
d) 1870 masc. terme de teinturier (
Littré);
e) 1926 cuis. (J. B.
Reboul,
La cuis. prov., 11
eéd., Marseille, Tacussel, p. 82).
B. 1372 fig. « ce qui altère la réalité, l'efficacité d'une chose » (D.
Foulechat,
Trad. du Policrat. de J. de Salisb., Bibl. nat. fr. 24287, fol. 79a ds
Gdf. Compl.). Du lat. vulg.
*robicula, dimin. du class.
robigo, -inis « rouille; dépôt sur la pierre; rouille du blé, nielle », fig. « inaction; mauvaises habitudes » (le dimin. désignait peut-être, à l'orig., une petite tache de rouille). De la forme masc. (en
-ι
̄culu), le subst. a. fr.
roïl (1
remoit.
xiies.
ruïl [
aerugo] « rouille des céréales »
Psautier d'Oxford, 77, 51 ds T.-L.;
xiiies. espee [...] de
roïl teinte,
Renart, éd. E. Martin, XII, 1217 ms. de base A; au fig. fin
xiies.
nate de rüil de pechiet, Homélies St Grégoire sur Ezechiel, 37, 22 ds T.-L.), évincé par le fém. Du subst. de base
rōbι
̄gĭne, le subst. masc. a. lorr.
ruÿn « rouille » (fin
xiies.,
Sermons de St Bernard, 81, 24,
ibid.) et, dans le domaine occit., le béarnais
rounhe, arrounhe, fém. «
id. » (
Lespy-
Raym.),
FEW t. 10, p. 430b.