ROSSIGNOL, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1. Ca 1165 ornith. (
Troie, 2188 ds T.-L.); fig. 1694
elle a des rossignols dans la gorge, elle a un gosier de rossignol, elle a une voix de rossignol (
Ac.);
2. fig.
a) 1406 « crochet pour ouvrir les serrures » (
dossier de l'affaire de Jehan des Haies, dit le Decier ds
Sain. Sources Arg. t. 1, p. 13);
b) 1569 « instrument de torture » (
Papon,
Recueils d'arrets, 991 ds
Romania t. 34, p. 616 et t. 36, p. 291); 1676 « coin de bois qu'on met dans une mortaise trop longue pour serrer deux pièces de bois » (
Félibien);
c) 1611
rossignol d'Arcadie « âne » (
Cotgr.);
d) 1690 mus. (
Fur.);
e) 1812 « petite flûte à piston, pour enfants » (
Mozin-
Biber);
f) 1839 « livre invendu » (
Balzac,
Un Grand homme de province à Paris, chap. 3, t. 1, p. 52 ds
Quem. DDL t. 16: ce sobriquet de
rossignols était donné par les libraires aux ouvrages qui restent perchés sur les casiers); 1842 « objet démodé » (
Reybaud,
loc. cit.);
g) 1870 « ulcération douloureuse venant aux bouts des doigts des tanneurs » (
Littré). Empr. à l'a. prov.
rossinhol (d'où peut-être aussi a. ital.
rusignuolo, ausignuolo, ital. mod.
usignuolo, a. esp.
rosignol, rossinol, esp. mod.
ruiseñor, port.
rouxinol, la diffusion du mot prov. étant sans doute étroitement liée au rôle du
rossignol dans la poés. des troubadours), issu du lat. pop. *
lusciniolus, même sens, forme masc. tirée du lat. class.
lusciniola (
Plaute), dimin. de
luscinia (
cf. au
xiiies. les var.
lossignol, lorsignol ds T.-L.). Le
r- (
cf. roscinia att. dans une gl. du
viies.) vient soit d'une dissim. du
l-, soit du croisement avec
russus « roux », le rossignol ayant le plumage roussâtre (v.
FEW t. 5, pp. 472b-473a et
Bl.-
W1-5). 2 a une clé qui tourne bien « chante » (
Esn.); 2 g ainsi nommé à cause des cris que la douleur arrache aux sujets qui en sont atteints.