ROND1, RONDE, adj.
Étymol. et Hist. 1. a) 1119 « de forme circulaire » (
Philippe de Thaon,
Comput, éd. I. Short, 2652: [lune]
runde cume rüele);
b) 1121-34 « de forme approximativement circulaire » (
Id.,
Bestiaire, éd. E. Walberg, 1754: [hérisson]
ruunz cume pelute);
c) α) 1721 anat.
le grand rond, le petit rond (
Trév., qui cite
Dionis); 1805
muscle petit rond (
Cuvier,
Anat. comp., t. 1, p. 277); 1827
muscle grand rond (
Encyclop. méthod. Méd. t. 12); 1721
ligament rond (
Trév., s.v. ligament);
β) 1824
yeux ronds (de surprise) (
Balzac,
Annette, t. 2, p. 141);
γ) 1900 sports
ballon rond (
L'Auto-Vélo, 29 oct. ds
Petiot);
δ) 1955
table ronde « colloque, réunion » (Témoignage chrétien, 7 oct. ds
Gilb. 1980);
2. a) ca 1160 « qui présente une forme arrondie » (
Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 5392: un petit moncel
reont);
b) ca 1277 en parlant de parties du corps humain (
Adam Le Bossu,
Jeu de la feuillée, éd. E. Langlois, 147:
ronde gambete); 1480 (G.
Coquillart,
Droits nouveaux, 952, éd. M. J. Freeman, p. 177: joues
rondes);
c) α) 1413 paléogr.
lettre ronde (J.
Guiffrey,
Inventaires de Jean, duc de Berry, t. 1, p. 241: la Bible [...] escripte en françoys, de lettre
roonde); 1752
écriture ronde (
Trév. Suppl.);
β) 1529 impr.
lettre ronde (G.
Tory,
Champfleury, f
o72 v
o);
d) 1690 « gros et court (en parlant d'une personne) » (
Fur.);
e) 1733
bourse ronde « bourse bien remplie » (L.
De Boissy,
Impatient, V, 2 ds
Littré);
f) 1792 fig.
fortune ronde « fortune assez considérable » (
Collin D'Harl.,
loc. cit.);
3. a) fin
xives. « qui agit avec franchise, simplicité » (E.
Deschamps,
Ballade, 1081 ds
Œuvres complètes, éd. De Queux de Saint-Hilaire, t. 5, p. 385, 3: soy tenir
ront et clos); fin
xives. p. méton.
vie ronde (
Id.,
Ballades de moralités, 267,
ibid., t. 2, p. 110);
b) 1680 rhét.
période ronde (
Rich.,
s.v. période);
c) 1694 mus.
voix ronde (
Ac.);
4. a) 1474 fam. « ivre » (
Mystère de l'Incarnation et nativité de notre Sauveur et Rédempteur Jésus-Christ, éd. P. Le Verdier, t. 2, p. 113: tu estoeis hier
ront comme ung o);
b) 1669 « qui a beaucoup bu et mangé » (
Widerhold,
Fr.-all., all.-fr. ds
FEW t. 10, p. 520b);
5. a) 1532
compte rond (G.
Coquillart,
Monologue, var. éd. 1532 ds
Œuvres, éd. M. J. Freeman, p. 280: Et pour faire les comptes
rons);
b) 1684
nombre rond (
Fur.,
s.v. nombre);
c) 1877
tout ronds (
Zola,
Assommoir, p. 747: six francs tout
ronds);
6. a) 1870
tourner rond « se mettre au pas, cesser de faire le malin » (
Poulot,
Sublime, p. 137: tu ne brilles plus, hein,..., tu
tournes rond à présent);
b) 1878 (
Rigaud,
Dict. jargon paris., p. 299:
Tourner rond, ne plus avoir d'argent);
c) 1901
tourner rond « aller bien » (
Bruant, p. 18: ça va bien!...
ça tourne rond); 1928 (
Martin du G.,
Thib., Consult., p. 1110: c'est justement ça qui ne tourne pas
rond);
d) 1913 mécan.
tourner rond « d'une manière régulière » (
Vie au Grand Air, févr. ds
Petiot: le moteur ne tourne pas tout à fait
rond);
e) 1949 (
Nouv. Lar. univ.: Ne pas
tourner rond, être un peu fou);
7. 1945
dévorer tout rond (
Guèvremont,
loc. cit.); 1952
avaler tout rond (H.
Bazin,
Lève-toi, p. 197). D'un lat. pop. *
retundus (att. au
ixes.,
cf. FEW t. 10, p. 527a), issu par dissimilation du lat. class.
rotundus « qui a la forme d'une roue, rond; arrondi; poli, bien tourné, dont tous les éléments sont bien équilibrés (en parlant du style); aisé, coulant (en parlant du langage) », dér. de
rota (
roue*).