ROMPRE, verbe
Étymol. et Hist. A. Verbe trans.
1. a) fin
xes. « mettre en pièces, briser » (
Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 231);
α) 1541 terme biblique
rompre le pain (
Calvin, Institution chrétienne, IV, 17, éd. J.-D. Benoit, t. 4, p. 384: L'Apostre dit que le pain que nous
rompons est la communion du corps de Christ);
β) 1601
rompre la glace fig. « faciliter l'issue d'une affaire difficile » (
Ol. de Serres, Préf. ds
Gdf. Compl.);
γ) 1612
rompre des lances (
R. de Menou, La Pratique du cavalier, 4
epartie, ch. 14 ds
Livet Molière, p. 54); fig. 1718
rompre une lance pour qqn (
Ac.);
δ) 1648
rompre en visière qqn fig. (
Scarron, Roman comique, I, 13); ε
) 1686
rompre les chaînes fig. (
Bossuet, Le Tellier ds
Littré); ζ
) 1694
rompre le fil d'un discours (
Ac.);
b) ca 1150 « déchirer » (
Wace, St Nicolas, éd. E. Ronsjö, 857);
c) 1527
à tout rompre « tout au plus » (
Seyssel, tr.
Thucydide, VII, 5 ds
Hug.);
d) 1549 fig.
rompre les oreilles à (
Est.);
e) ca 1590
rompre qqn à « le plier à la pratique de quelque chose » (
Montaigne, Essais, I, 26, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, 154);
2. a) 1100 « séparer en deux par la force » (
Roland, éd. J. Bédier, 1265);
b) α) 1253
rompre une terre « donner un premier labor à une terre en friche » (
Chart. de Guill. Maengo, de la Seigneur. de Surgères ds
Du Cange, s.v. rumpere);
β) 1508 « défoncer un ouvrage » (
Comptes du chateau de Gaillon, 108 ds
IGLF);
c) α) ca 1470 « rendre une voie impraticable en la défonçant » (
Georges Chastellain, Chroniques, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 2, p. 96);
β) 1723 typogr.
rompre une planche (
Savary);
d) ca 1470 « pénétrer dans un dispositif ennemi » (
Georges Chastellain, op. cit., p. 267);
e) α) id. « dissoudre un groupement »
rompre une armée (
Id., ibid., t. 1, p. 273);
β) 1673, nov. « mettre fin à une assemblée » (M
mede Sévigné, Corresp., éd. R. Duchêne, p. 615);
3. a) ca 1155 « interrompre les effets d'un engagement » (
Wace, Brut, 2361 ds T.-L.);
b) ca 1165 « cesser de respecter une prescription » (
Benoît de Ste-
Maure, Troie, 13893,
ibid.);
4. a) 1258, mars « arrêter le cours de l'eau » (
Chartes de la Haute-Marne, éd. J. G. Gigot, p. 85);
b) 1470
rompre le coup « rendre sans effet » (
Georges Chastellain, op. cit., t. 3, p. 158);
c) 1561 terme de chasse
rompre les chiens (
Du Fouilloux, La Vénerie, fol. 39 ds
Tilander Nouv. Mél., p. 21);
d) 1665
rompre les mesures (Cardinal
de Retz, Mém., éd. A. Feillet, I, 96); 1721 terme d'escr. (
Trév.);
5. a) 1680 « changer de couleur par l'action de l'air (du vin) » (
Rich. t. 2);
b) 1723
rompre la laine (
Savary); 1762
rompre une couleur (
Ac.).
B. Verbe intrans.
1. ca 1145 « se briser » (
Wace, Conception Notre-Dame, éd. W. R. Ashford, 76); 1530
se plier que de rompre (
Palsgr., p. 660);
2. 1370 « interrompre brusquement des relations existantes » (
Oresme, Ethiques, éd. A. D. Menut, 452);
3. 1661
rompre en visière à qqn (
Molière, École des Maris, I, 4).
C. Verbe pronom.
1. ca 1400 « ruiner » (
Eustache Deschamps, Balade, éd. G. Raynaud, VII, 140);
2. déb.
xvies. « se briser, se casser » (
Jean Molinet, Chroniques, 299, éd. G. Doutrepont et O. Jodogne, t. 2, p. 509);
3. 1534
se rompre le coul (
Rabelais, Gargantua, 43, éd. R. Calder et M. A. Screech, p. 255);
4. 1628 « cesser brusquement de se manifester » (
Malherbe, Questions Naturelles de Sénèque, I, 1, éd. M. L. Lalanne, I, 477);
5. 1653 « éclater contre un obstacle en parlant d'une masse d'eau » (
Vaugelas, Quinte Curce, Livre six, ch. IV ds
Rich. t. 2);
6. 1690 « donner une image réfractée » (
Fur.). Du lat.
rumpere « briser, casser avec force »; « rompre avec une idée accessoire d'arrachement, d'éclatement ».
Rumpere s'emploie au sens physique comme au sens moral (v.
Ern.-
Meillet).