RIVER, verbe trans.
Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1165 « attacher solidement (une personne) au moyen de chaînes, de fers » (
Benoît de Ste-
Maure, Troie, 29914 ds T.-L.: Là fu si fort emprisonez E en si forz buies
rivez); 1269-78 (
Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 19243: sera pris e mis en fer,
Rivez en aneaus pardurables);
2. ca 1200 « aplatir la pointe d'un clou de manière à la rabattre sur le bord de l'élément où il est fiché » (
Raimbert de Paris, Ogier le Danois, 8555 ds T.-L.: Si li leva tres tos les quatre piés [de son destrier] Là où n'ot clau, li bers li a fichié, Si l'a defors
rivé et reploié); fin
xves. fig.
river le clou (à qqn) « lui répliquer vertement » (
Commynes, Mém., éd. J. Calmette, t. 2, p. 80);
3. 1433, août-nov. « fixer, assujettir par des clous que l'on rive » (doc. Arch. Tournai ds
Gdf. Compl.: avoir
rivé et tempré .
xviii. paires d'estenelles);
4. river une chaîne, v. empl. fig.
infra B 3.
B. Fig.
1. Ca 1270 « maintenir fermement, maîtriser (?) » (
Rutebeuf, Ste Marie l'Égyptienne, 578 ds
Œuvres, éd. E. Faral et J. Bastin, t. 2, p. 38: Zozimas, moult as estrivé Et moult as ton cuer fors [lire: fort?]
rivé; v. la note de l'éd.);
2. 1721 « attacher fermement (une personne) » (
Montesquieu, Lettres persanes, XXXIV ds
Œuvres, éd. R. Caillois, t. 1, p. 181: [l'eunuque]
rivé [...] à la porte où il est attaché);
3. 1751
river les chaînes (de qqn) « le rendre dépendant » (Abbé
Prévost, Lettres angloises, t. 3, p. 136). Dér. de
rive* pris au sens de « bord », le clou étant rabattu au marteau sur les bords de l'élément qu'il traverse; dés.
-er; à rapprocher du terme dial.
river « replier sous le matelas les couvertures d'un lit » (Normandie, Centre,
FEW t. 10, p. 412a et 414a, note 28), dér. de
rive au sens de « bord d'un lit ».