RIRE1, verbe
Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 1100
rire « marquer un sentiment de gaieté... » (
Roland, éd. J. Bédier, 302);
b) ca 1350
rire dessoubz son chapperon (
Tristan de Nanteuil, éd. K. V. Sinclair, 13090); 1643
rire sous cappe (
Saint-
Amant, Rome ridicule, 840, éd. J. Lagny: la pieté ...
rit sous cappe); 1690
rire sous barbe (
Fur.,
s.v. barbe); 1694
rire dans sa barbe (
Ac.);
c) ca 1440
rire aux anges (
L'Amant rendu cordelier, éd. A. de Montaiglon, 456); 1441-47 (
P. de Hauteville, La Confession et Testament de l'amant trespassé de deuil, éd. R. M. Bidler, 894); 1867 (
Delvau, p. 427:
Rire aux anges. Sourire doucement en dormant);
d) 1640 (
Oudin Curiositez: il
rit jaune comme farine); 1740-55
rire jaune (
cf. jaune);
2. ca 1165 « se moquer » (
Chrétien de Troyes, G. d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 1294: s'i ot moult
ris et moult gabé);
ca 1165
rire de « se moquer de » (
Troie, éd. L. Constans, 14426 var.);
3. 1269-78 « avoir une expression, un aspect joyeux, agréable » (
Jean de Meung, Rose, éd. F. Lecoy, 19985: cil jorz ... de clarté presante
rit);
4. 1415-18 « se réjouir, se divertir » (
Alain Chartier, L. des Quatre Dames, 198, éd. J. C. Laidlaw, p. 204: Il n'y aroit plus de quoy
rire); 1556 (
Ronsard, Nouv. continuation des Amours ds
Œuvres compl., éd. P. Laumonier, t. 7, p. 254, 8: Et toute chose
rire en la saison nouvelle);
5. 1464 « ne pas parler ou ne pas faire quelque chose sérieusement » (
Pathelin, éd. R. T. Holbrook, 749: sans
rire); 1536 (
R. de Collerye,
Œuvres compl., éd. Ch. d'Héricault, p. 69: disons quelque chose pour
rire); 1575 (
Ronsard, Au roy Henri III, t. 17, p. 87, 57: par maniere de
rire).
B. Pronom.
1. ca 1100 « se moquer » (
Roland, 303: ore
s'en
rit Rollant);
2. a) 1536 « traiter par le mépris, le dédain » (
R. de Collerye, op. cit., p. 236: l'on verra que vous
vous en
riez); 1555 (
Ronsard, Hymnes, t. 8, p. 231, 39:
se rient Des vanitez du monde);
b) 1550 « se jouer de » (
Id., Odes, t. 2, p. 35, 28: que de ses flammes Je
me rie à mon tour). Du lat. pop.
ridĕre (lat. class.
ridēre) « rire; sourire; avoir un aspect riant, agréable; se moquer de; narguer, se jouer de (une difficulté, un danger) ». Au sens A 1 c,
rire aux anges,
cf. Victor Le Clerc, L'Image du monde et autres enseignements ds
Hist. littér. de la France, t. 23, pp. 313-314 et
G. Roques ds
R. Ling. rom. t. 47 1983, p. 192.