RETENIR, verbe
Étymol. et Hist. A. Trans.
1. ca 1050 « garder pour soi une partie de ce qu'on a reçu » (
Alexis, éd. Chr. Storey, 99);
2. 3
equart
xiiies. « garder à part, conserver (un chiffre) pour la suite du calcul » (
Comput, ms. Bibl. Nat. fr. 7929 [actuellement 2021] f
o9 ds
Littré);
3. a) 1546 « recevoir et conserver (un trait caractéristique, ici, le nom) » (
Rabelais,
Tiers Livre, L, éd. M. A. Screech, p. 334, l. 70);
b) 1588 « conserver, garder (un trait, une habitude, une tradition) » (
Montaigne,
Essais, III, 8, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 922);
4. 1585 « prélever (une partie d'une somme) » (
Du Fail,
Contes et discours d'Eutrapel, Œuvres facétieuses, éd. J. Assézat, t. 1, p. 317).
B. Trans.
1. ca 1050 « réserver, garder (pour quelqu'un) » (
Alexis, éd. Chr. Storey, 407);
2. fin
xives. « réserver, garder ou faire garder pour mettre à la disposition de quelqu'un » (
Froissart,
Chron., éd. G. Raynaud, t. 9, p. 191);
3. 1694
retenir une datte (
Ac.).
C. Trans.
1. a) ca 1100 « prendre et garder auprès de soi à son service » (
Roland, éd. J. Bédier, 789);
b) ca 1315-17 « engager, louer » (ici, des marins) (
Assises Jérusalem, éd. H. L. Zeller, 28 R.r. 27);
2. a) ca 1100 « ne pas laisser partir, faire prisonnier » (
Roland, éd. J. Bédier, 3948);
b) 1656 « maintenir (dans une disposition, un état), ne pas permettre de s'écarter, de sortir de » (
Pascal,
Pensées,
Œuvres compl., éd. L. Lafuma, Seuil, 451-620, p. 559);
3. a) 1155 « garder près de soi, faire rester, inviter » (
Wace,
Brut, éd. I. Arnold, 6658-59 ds T.-L.); 1548
retenir à souper (
Du Fail,
Baliverneries ou contes nouveaux, op. cit., t. 1, p. 160);
b) 1667
je ne te retiens plus « va-t-en » (
Racine,
Andromaque, IV, 5).
D. Trans.
1. déb.
xiies. « maintenir, tenir pour empêcher l'action de » (
St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 1731 ds T.-L.);
2. a) xiiies. « empêcher la dégradation de, maintenir en bon état » (
Les Lorrains, ms. Berne 113, f
o38c ds
Gdf.);
b) 1690 « maintenir pour empêcher la chute de, fixer » (
Fur.);
3. a) ca 1225 « ne pas laisser aller (un aliment, un liquide) » ici « garder en son corps » (
Pean Gatineau,
St Martin, 6375-6378 ds T.-L.);
b) 1691
retenir le temps (M
mede Sévigné,
Lettres, éd. Monmerqué, t. 10, p. 31);
4. a) ca 1485
retenir de « empêcher de » (
Mistère Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 3160);
b) 1538
retenir que « empêcher que » (
Est., p. 632);
5. a) 1538 « réprimer, empêcher (quelqu'un) de s'emporter ou de fauter » (
ibid., s.v. contineo et reprimo);
b) 1538
retenir son haleine, ses larmes (
ibid.,
s.v. comprimo et contineo); 1553
retenir sa langue (
Bible, Imprimerie Jean Gérard, Sapience, I, p. 26);
6. a) 1694 absol. « freiner, empêcher la voiture d'aller trop vite » (
Ac.);
b) 1762 manège « ne pas vouloir se porter librement en avant » (
Ac.).
E. Pronom.
1. déb. XII
es. « s'empêcher de, s'abstenir de » (
St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 648 ds T.-L.); 1726
se retenir « réprimer un besoin, une envie (ici, de rire) » (
Lesage,
Le Diable boiteux, p. 338);
2. 1538 absol. « se contenir » (
Est., s.v. cohibeo).
F. Pronom.
ca 1130 « s'accrocher, se maintenir pour ne pas tomber » (
Gormont et Isembart, éd. A. Bayot, 400).
G. Trans.
1. ca 1165 « mettre et garder dans sa mémoire, ne pas oublier » (
Troie, 28 ds T.-L.);
2. a) fin
xives. « considérer, noter » (
Froissart,
Chron., éd. S. Luce, t. 4, p. 176); 1545
retenir les péchez (
Calvin,
Institution, IV, VI, 3, éd. J.-D. Benoit, t. 4, p. 108); 1690
retenir une cause (
Fur.);
b) 1866 (
Villars,
loc. cit.).
H. Trans. 1174-76 « garder par devers soi ce qui appartient à autrui » (
Guernes de Pont-
Ste-
Maxence,
St Thomas, éd. E. Walberg, 2668).
I. 1311 « concevoir, en parlant des humains » (
De la Houce, ms. Turin ds
Fabliaux, éd. A. de Montaiglon et G. Raynaud, t. 2, p. 2); 1678 en parlant des chevaux (
Guillet, 1
repart., p. 200).
J. Adj.
retenu 1538 (
Est.,
s.v. retineo); 1559 « circonspect, sage » (
Amyot,
Vie des hommes illustres, Périclès, XIV ds
Littré).
K. 1718 « tenir à nouveau » (
Le Roux, p. 451).
L. 1874 « susciter l'intérêt de, être l'objet de »
retenir l'attention (
Mallarmé,
Dern. mode, p. 807). Du lat.
retinere « retenir, arrêter, contenir ».