RESTE, subst. masc.
Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1230 subst. fém. « ce qui demeure, subsiste » (
La petite philosophie, éd. W. H. Trethewey, p. 9, 248);
2. a) 1324 « partie d'une somme qu'il faut encore payer » (
Mém. Sté hist. de Paris, t. 2, p. 335);
b) 1382
estre en reste de paier (
Runk.);
c) 1382
demeurer de reste de qqc. « devoir encore quelque chose » (
ibid.); 1414-16
demeurer en reste «
id. » (
Compte de J. Martin, Commune, Deniers a recouvrer, A. Orléans ds
Gdf. Compl.);
d) 1538
être en reste (
Est.,
s.v. reliquator); 1604
jouer de son reste « employer ses dernières ressources » (
Le Loyer,
Spectres, I, 4 ds
Hug.); 1673
donner son reste à qqn (
Molière,
Malade imaginaire, II, 7); 1694
ne pas demander son reste (
Ac.); 1798
ne pas attendre son reste (
ibid.); 1835
n'être jamais en reste (
ibid.);
3. 1445 subst. fém. « temps qui doit encore s'écouler » (
Farce joyeuse des galans et du monde ds
Rec. gén. des sotties, éd. E. Picot, t. 1, p. 44); 1567 subst. masc. «
id. » (
Amyot,
P. Aem., 62 ds
Littré);
4. 1754 math. « ce qui est en excès du dividende » (
Encyclop. t. 4,
s.v. division); 1765 « résultat d'une soustraction » (
Encyclop. t. 14).
B. 1. 1532 « ce qui est encore à dire, à faire » (
Rabelais,
Pantagruel, éd. V. L. Saulnier, p. 177);
2. 1656-57
Et le reste « etc... » (
Pascal,
Provinciales, éd. Brunschvicg, Boutroux, Gazier, I, IV, p. 135); 1943
quant au reste « en ce qui concerne ce dont il n'a pas été question » (
Gide,
Journal, p. 223);
3. 1546
au reste « en plus de ce qui a été dit, à part cela » (
Rabelais,
Tiers-Livre, éd. M. A. Screech, p. 202);
4. 1669
de reste « bien suffisamment » (
Molière,
Tartuffe, V, 4).
C. 1. 1548 subst. sing. « ce qui n'a pas été consommé dans un repas » (
Noël Du Fail,
Baliverneries, éd. J. Assézat, 188); 1669 plur. «
id. » (
Widerhold Fr.-all.);
2. 1642
les restes (de qqn) « (en rivalité amoureuse) en parlant d'une femme qui a appartenu à un autre homme » (
Corneille,
Polyeucte, V, 1); 1660 « ce que quelqu'un a abandonné, rebut » (Th.
Corneille,
Le Galant doublé, I, 1 ds
Littré);
3. 1640
un reste de gibet (
Oudin Curiositez); 1842
un reste de potence (
Ac.);
4. 1670
voici le reste de notre écu « voici une personne importune » (
Molière,
Bourgeois gentilhomme, V, 1); 1757
voici le reste de nos écus «
id. » (
Vadé,
Trois compliments, p. 42).
D. 1. 1567 « ce qui reste d'une famille, d'une troupe » (
Amyot,
P. Aem., 37 ds
Littré); 1667 « personne qui demeure la seule survivante d'une race, d'un sang » (
Racine,
Andromaque, IV, 1);
2. 1580 « ce qui subsiste d'un sentiment » (
Montaigne,
Essais, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, p. 354); 1651
de beaux restes (du visage d'une femme) (
Scarron,
Roman comique, éd. E. Magne, p. 151); 1660
avoir de beaux restes (
Corneille,
Examen d'Andromède ds
Littré);
3. 1616 subst. fém. plur. « cadavre d'un être humain » (
d'Aubigné,
Tragiques, IV, 292 ds
Hug.);
4. 1651 subst. masc. plur. « ce qui subsiste d'une chose que le temps a dégradé » (
Scarron,
op. cit., p. 10: Ces pauvres
restes d'une troupe délabrée). Déverbal de
rester*.