RESSENTIR, verbe trans.
Étymol. et Hist. A. 1. Recevoir d'une cause extérieure une impression agréable ou pénible
a) fin
xiies. « sentir chacun de son côté, éprouver [par sympathie] ce que sent autrui » (
Béroul,
Tristan, éd. E. Muret, 1650: Chascun d'eus soffre paine elgal Qar l'un por l'autre
resent mal);
b) 1268-78 ,,sentir l'effet pénible d'une cause extérieure`` (
Jean de Meun,
Rose, éd. F. Lecoy, 4420: ... Ou, s'il
resent trop grief le fes [du couvent] Si s'en repent e puis s'en ist); 1580 (
Montaigne,
Essais, II, XII, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, p. 580);
c) 1562 réfl.
soi resentir de « éprouver, faire l'expérience de [un avantage] » (
Rabelais,
5eLivre, VII ds
Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 3, p. 31);
2. a) déb.
xiiies. réfl.
soi resentir + attribut « se sentir à nouveau... [en reprenant ses esprits] » (
Guernes de Pont-
Ste-
Maxence,
St Thomas, éd. E. Walberg, 1922, append. II [
Miracle de St Thomas], 69, p. 214: Il
resent sei mëime tut sein e tut legier, Si apele e esveille cels kil durent veiller);
b 1580 trans. « être conscient d'un état subjectif, éprouver un sentiment » (
Montaigne,
op. cit., I, XXXVIII, p. 235: Nous avons poursuivy... la vengeance d'une injure, et
resenty un singulier contentement de la victoire); 1680
ressentir l'amour (
Quinault,
Proserpine ds
Littré);
c) 1580 réfl. « éprouver les effets d'un mal » (
Montaigne,
op. cit., II, XXXVII, p. 764);
3. a) 1558 réfl.
se ressentir de « se souvenir [d'une chose] avec ressentiment » (
Des Periers,
Nouv. Récr., 13, éd. K. Kasprzyk, p. 70: Si tost qu'ilz furent en liberté,
se ressentans du mauvais tour que leur avoit joué...); 1664 trans.
ressentir l'injure (
Racine,
Thébaïde, I, 5);
b) av. 1630 trans. « se souvenir avec reconnaissance » (
D'Aubigné,
Lettre [s.d.] ds
Œuvres, éd. E. Réaume et Fr. de Caussade, t. 1, p. 356: des esprits... qui
ressantent ce qu'ils luy doivent à Dieu); 1633, 22 oct.
ressentir [une
faveur] (
Voiture,
Lettre 45 ds
Œuvres, Paris, J. Clousier, t. 1, 1734, p. 110);
4. 1554 « avoir le caractère de » en parlant d'un inanimé (
Thevet,
Cosmogr., I, 12 ds
Hug.: La langue des anciens Maltois...
ressentoit encore le vieil langage de Carthage); 1636 (
Monet, p. 761b: Cet homme là me
ressant son pédant à pleine gorge);
5. a) 1620, 9 mars « reconnaître, saisir, discerner » (
D'Aubigné,
Lettre ds
Œuvres, éd. citée, t. 1, p. 372);
b) 1687 « percevoir un sentiment chez une personne » (
Bossuet,
Oraison funèbre de Louis de Bourbon ds
Œuvres, éd. B. Velat et Y. Champailler, p. 198: On
ressentait dans ses paroles un regret sincère d'avoir été poussé si loin par ses malheurs).
B. xiiies. trans. « avoir, prendre l'odeur de » (
Isopet, I, XXXVII, 67 ds
Isopets, éd. J. Bastin, t. 2, p. 267: ... les aux
rescent le mortier). Dér. de
sentir*; préf.
re-*.