RENVOYER, verbe
Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1160 « faire retourner (quelqu'un) là où il était précédemment » (
Enéas, éd. J. J. Salverda de Grave, 6250: mort li
renveoit Eneas);
b) ca 1200 « démobiliser, licencier, congédier » (
Jean Bodel,
Saxons, éd. F. Menzel et E. Stengel, 284: il departi ses oz, s'en
ranvoia sa gent); 1480 (
Lettre de Marguerite de Bourgogne, 14 sept. ds
Mém. de Ph. de Comines, Preuves, éd. Lenglet du Fresnoy, t. 3, 1747, pp. 606-607: avez fait casser et
renvoyer par-deça trois ou quatre cens Archers);
c) 1569 « faire repartir, éconduire (quelqu'un) » (
Ronsard,
Œuvres compl., éd. P. Laumonier, t. 15, p. 171, 85: le debteur
r'envoye);
d) 1665 dr. « déclarer non coupable, acquitter » (
La Fontaine,
Imitation des Arrêts d'Amours ds
Œuvres, éd. H. Régnier, t. 8, p. 424: la cour [...] la
renvoya);
2. ca 1175 « faire reporter (quelque chose à quelqu'un) » (
Chronique Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 12957: les li
renveia arriere);
3. a) 1356 « adresser à une destination plus appropriée » (
Lettre, 29 août ds G.
Espinas,
La Vie urbaine de Douai au Moy. Âge, t. 4, p. 369: que
renvoiiet ne devoient estre [les prisonniers] et que à nous en devoit demourer la cognoissance); 1396 (
Mandement de Charles VI, 16 déc. ds G.
Saige, H.
Lacaille,
Trésor des Chartes du Comté de Rethel, t. 2, p. 432:
renvoyer en nostredit Parlement les causes qui sont pendans par devant vous); 1402 fig. (J.
Gerson,
Sermons et discours, 370 ds
Œuvres compl., éd. P. Glorieux, t. 7, p. 830: je
renvoye chascune personne a sa conscience); 1640
renvoyer de Caïphe à Pilate (
Oudin Curiositez);
b) 1548 « faire se reporter, obliger à se reporter » (Th.
Sébillet,
Art poét. fr., éd. F. Gaiffe, p. 203);
4. a) 1396 « remettre à une date ultérieure » (
Mandement de Charles VI, ibid., p. 433:
renvoyez [les causes] [...] à certain et competent jour ordinaire ou extraordinaire de nostre present Parlement); 1588 (
Montaigne,
Essais, III, 13, éd. Villey-Saulnier, p. 1085);
b) 1668
renvoyer aux calendes (
La Fontaine,
Fables, VI, 10, 15: il s'éloigne des chiens, les
renvoie aux calendes); 1690
renvoyer aux Calendes Grecques (
Fur.);
5. a) 1593
renvoyer l'estœuf [la balle] fig. « riposter » (
Charron,
Trois veritez, l. III, préf. ds
Hug.); 1798
renvoyer la balle (
Ac.,
s.v. balle);
b) 1611 fig.
se renvoyer le esteuf l'un à l'autre « se décharger d'une responsabilité l'un sur l'autre » (
Cotgr.);
c) 1893 jeu (
Courteline,
loc. cit.);
d) 1909 fig.
renvoyer l'ascenseur (
Renard,
Journal, p. 1259);
6. 1637 « réfléchir, répercuter (lumière, son, chaleur, etc.) » (
Descartes,
Dioptrique, Disc. premier ds
Œuvres philos., éd. F. Alquié, t. 1, p. 655: les diverses façons dont ces corps la reçoivent [la lumière] et la
renvoient contre nos yeux). Dér. de
envoyer*; préf.
r- (
re-*).