REMPLIR, verbe trans.
Étymol. et Hist. 1. a) Fin
xiies. « rendre plein » (
Sermons St Grégoire sur Ezechiel, 22, 35 et 37, 23 ds T.-L.);
b) ca 1350
remplir (le cœur) de « inspirer un certain sentiment à » (
Gilles Le Muisit,
Poésies, I, 73 ds T.-L.); 1663
rempli de « tout pénétré de, qui ne songe qu'à » (
Molière,
Critique de l'École des Femmes, 3); 1678 [5
eéd.]
rempli de soi-même « imbu » (
La Rochefoucauld,
Réflexions ou sentences et maximes morales ds
Œuvres, éd. D. L. Gilbert, t. 1, p. 210);
c) ca 1465
remplir son sac « s'enrichir » (
chastellain,
Chroniques, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 5, p. 369); 1838
remplir ses poches « s'enrichir par le vol » (
Hugo,
Ruy Blas, IV, 3, p. 421);
d) 1538 « combler » (
Est.); 1554 « compléter » (
Du Villars,
Mém., V ds
Gdf. Compl.); 1677 hérald.
rempli « dont le milieu est d'un autre émail que les bords » (
Ménestrier,
Abbrégé méthodique des principes héraldiques, p. 182); 1690
remplir un blanc « y ajouter ce qui manque » (
Fur.);
e) brod., cout. 1679
remplir du point, de la dentelle (
Rich.); 1751
remplir un canevas (
Encyclop.,
s.v. canevas); 1870
rempli subst. masc. « cordon et travail qui remplissent la dentelle; travail dans l'intérieur des fleurs (point d'Alençon) » (
Littré);
2. fin
xiiies. [date du ms.] « remplir de nouveau ce qui a été vidé » (
Renart, éd. E. Martin, branche XIV, var. après 332);
3. a) 1414 « être très nombreux dans, occuper, peupler (un endroit de gens, etc.) » (
Ch. d'Orléans,
La Retenue d'amours ds
Poésies, éd. P. Champion, t. 1, p. 2);
b) 1538
remplir bien les oreilles « être harmonieux (en parlant de vers) » (
Est.); 1635
remplir les oreilles « éblouir par un détail pompeux » (
Corneille,
Médée, I, 1);
c) 1549 « occuper (un laps de temps), l'employer » (
Est.,
s.v. vie);
4. 1647 « occuper (une place), exercer (une charge, etc.) » (
Vaugelas ds
Trév. 1704);
5. 1651
remplir un nom « se montrer digne de » (
Corneille,
Nicomède, I, 2). Dér. de
emplir*, préf.
re*-.
Cf. la forme
raemplir (1
remoit. du
xiies.,
Psautier Oxford, 62, 6 ds T.-L.) très usitée au Moy. Âge, comp. d'un ant.
aemplir que
remplir a fini par absorber.