RELIGIEUX, -EUSE, adj. et subst.
Étymol. et Hist. 1. Déb.
xiies. « qui se conforme aux exigences de sa religion, pieux » d'une personne (
Benedeit,
St Brendan, 1522 ds T.-L.:
Religïus semblout e piu);
ca 1270 (
Couronnement de Renard, éd. A. Foulet, 194: Seroit raisons et tans et eure Que no vie
religieuse Fust);
2. a) « Qui a fait profession religieuse, qui appartient à un ordre religieux » 1155 adj.
li religius chanoine « les chanoines réguliers » (
Wace, Brut, 13898 ds T.-L.); 1160-74 (
Id., Rou, éd. A. J. Holden, III, 2291:
Religiose gent ama, Clers et proveires honora); 1265 subst. masc.
icil religios (
Jostice et plet, XX, XIII, éd. Rapetti, p. 330); 1324 subst. fém.
les religiouses (Arch. Somme, Paraclet ds
Gdf. Compl.);
b) α) xiiies. [ms.] « (d'un bien, d'une chose) qui appartient à une communauté religieuse »
lieu religious (
Decretales, ms. Boulogne, fol. 69a,
ibid.); 1280
meson relegieuse (Arch. Loir-et-Cher,
ibid.);
β) 1269-78 « relatif, propre à celui qui a fait profession religieuse »
robe religieuse (
Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 11024);
3. 1538 « relatif à la religion, au culte » (
Est. d'apr.
FEW t. 10, p. 231b; l'art n'a pu être retrouvé); 1588
ornemens religieux (
Montaigne, Essais, II, 12, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 574);
4. « scrupuleusement respectueux d'une règle » [ext. de 1]
a) 1572 en parlant d'une personne (
Amyot, Question platon., 9 ds
Hug.);
b) 1588
longue et religieuse investigation (
Montaigne, op. cit., I, 54, p. 313);
5. 1580 « qui présente les caractères du comportement religieux; qui porte au recueillement » [
id.] (
Id., op. cit., II, 12, p. 593: le son dévotieux de nos orgues, et la harmonie si posée et
religieuse de nos voix); 1803 (
Chateaubr., Génie, t. 2, p. 3: Il n'y a rien de plus
religieux que les cantiques que chantent avec les vents, les chênes;
6. religieuse, p. anal. de couleur, de forme
a) 1555 désigne diverses sortes d'oiseaux (d'apr.
FEW t. 10, p. 232 a; ne figure pas ds le gl. de P.
Belon, Hist. de la nature des oyseaux, Paris, 1555);
b) 1790
bot. (J.-J.
Paulet, Traité des champignons, t. 1, p. 529 a ds
R. Ling. rom. t. 52 1988, p. 102: Morille plissée, dite
Petite religieuse); 1827 (Dict. des sc. nat., t. 45, p. 35,
ibid.: Religieuses et Petites religieuses);
c) 1874
plis à la religieuse (
Mallarmé, loc. cit.);
d) 1904 une pâtisserie (
Nouv. Lar. ill.). Empr. au lat.
religiosus « scrupuleux », spéc. « d'une attention scrupuleuse à l'égard du culte divin; religieux, pieux; qui éprouve des scrupules religieux »; « (d'une chose) vénéré, respecté; (d'un lieu, d'un objet) saint, consacré ». Dans la lang. chrét. « relatif à l'Église, ecclésiastique » 1
remoit.
iiies.,
St Cyprien); « qui mène une vie dégagée du monde ou vit dans un monastère » (
ves.,
Salvien); empl. subst. « religieux, moine » (2
emoit.
vies.,
St Grégoire Le Grand), v.
Blaise, Lat. chrét.