RAVE, subst. fém.
Étymol. et Hist. Ca 1195 [ms. fin
xiiies.]
vivre de pain et de rabes (
Ambroise,
Guerre sainte, éd. G. Paris, 10096 [:
ábes]); 1322 fr.-prov.
rave (d'apr.
Bl.-
W.1-5);
ca 1393
raves (
Ménagier, éd. G. E. Brereton et J. M. Ferrier, p. 121, 36).
Rave est une forme fr-prov. (on notera aussi dès le
xiiies. a. liég.
rave, influencé par la forme liég.
rape) corresp. à l'a. fr.
reve (
xiies.,
Gloss. Tours, éd. L. Delisle ds
Bibl. Éc. Chartes, 6
esérie, t. 5, p. 331; survit en Nivernais, Champagne et Franche-Comté, v.
FEW t. 10, p. 69b), issu du lat.
rapa, plur. du subst. neutre
rapum « rave, navet », empl. comme fém. sing. (
Celse,
Columelle,
André,
Bot., p. 270). La forme
rabe est d'orig. mérid. (a. prov.
raba 1233-35,
Peire de La Mula ds
Rayn.), peut-être parce que cette racine constituait au Moy.-Âge la principale nourriture des habitants du Limousin et de l'Auvergne (G.
Paris, éd. citée, p. XXXVIII).
Rave « navet » a pu être confondu avec
rave « radis » (fin
xies. judéo-fr.
rafne, Gl. de Raschi, éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1, 869;
xiies.
ravene, Gloss. de Tours,
ibid.;
ca 1200
rabe,
Jean Bodel,
Saisnes, éd. F. Menzel et E. Stengel, 4572 [forme d'orig. mérid.];
ca 1223
raffle,
Gautier de Coinci,
Miracles, éd. V. F. Koenig, 2
Mir 12, 184; 1530
rave,
Palsgr., p. 260b encore noté par
Ac. 1878; 1600
rave douce O.
de Serres,
Théâtre d'agric., Genève, M. Berjon, 1611, p. 633), issu du lat.
raphanus « raifort, radis » (
André Bot., p. 270). Deux procédés ont contribué à lever l'ambiguïté entre
rave « navet » et
rave « radis »: l'empl., pour désigner ce dernier, de nombreux dér. (
FEW t. 10, pp. 64a-65b), d'autre part, l'empr. à l'ital. du mot
radis*.