RARE, adj.
Étymol. et Hist. A. 1. 1377
rare « peu serré, peu dense » (
Oresme,
Ciel et monde, 171d, éd. A. D. Menut, p. 628: or est l'eaue plus grande et plus
rare que la terre et le aer que l'eaue);
2. a) 1563 « léger, peu serré, qui présente des intervalles » (
Ronsard,
Nouv. poésies, I ds
Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 12, p. 28: un reth [filet] (...) Si
rare et si subtil qu'il decevoit les yeux);
b) 1636 « clairsemé, peu fourni » (
Monet: seps de vignes
Rares, clair-semés).
B. 1. a) 1553
rare d'une pers. « d'un mérite exceptionnel » (
O. de Magny,
Amours, éd. E. Courbet, p. 126: immortaliser le bruit de si
rare personne);
b) 1694 « singulier, bizarre » (
Ac.: vous estes un homme
rare);
c) 1916 « improbable, étonnant » (
Hémon,
loc. cit.);
2. a) 1539 « qui se rencontre peu souvent » (
Est.);
b) 1636
oiseau rare (
Monet: Oiseau
rare, qui ne se voit gueres: Rara avis); 1665 (
La Fontaine,
Contes, I, II, 136, éd. H. Régnier, t. 4, p. 75: le
rare oiseau! ô la belle friponne!);
c) 1898 chim.
terres rares (
H. Le Chatelier et
O. Boudouard ds
C.R. de l'Ac. des Sc., t. 126, p. 1861);
d) 1916 chim.
gaz rares (
Lar. mens., p. 855a);
3. a) 1504-09
rare « qui se produit peu souvent; peu fréquent » (
J. Lemaire de Belges,
La Couronne margaritique, éd. J. Stecher, t. 4, p. 139: L'invention de ceste gemme est
rare);
b) 1694 méd.
poux [pouls]
rare (
Ac.);
c) 1694 d'une pers. « dont les visites sont moins fréquentes » (
ibid.: Il devient rare [...]
il se rend rare);
4. 1691 subst. « ce qui est rare » (
La Bruyère,
Caractères ds
Œuvres, éd. G. Servois, 3
eéd., t. 2, p. 248: le
joli, l'
aimable, le
rare, le
merveilleux, l'
héroïque ont été employés à son éloge). Du lat.
rarus « peu serré, peu dense, qui présente des intervalles, des interstices; espacé, clairsemé, disséminé; peu nombreux; peu fréquent; remarquable, exceptionnel » qui a donné par voie pop. la forme
rer, limitée à l'a. fr. (
ca 1200 « peu commun, exceptionnel, remarquable »
Moralités sur Job, éd. W. Foerster, p. 360:
rere chose;
ca 1225 « qui se rencontre peu souvent »
Gautier de Coinci,
Mir. [II
Mir. 18], 81, éd. V. F. Koenig, t. 4, p. 113: fois si corte est et si
rere), et p. empr. sav. la forme
rare (
cf. Fouché, p. 226 et
Bourc.-
Bourc., § 35 II). Au sens B 2 b, calque du lat.
rara avis (
Horace,
Serm., 2, 2, 26 ds
OLD, s.v. rarus; Persius,
Sat., 1, 46 et
Juvénal,
Sat., 6, 165,
ibid., s.v. avis; v. aussi
Rey-
Chantr. Expr., s.v. oiseau); aux sens B 2 c et d,
cf. angl.
rarer [
sic]
earths (1875 ds
NED Suppl.2),
rare earth-metals (1877,
ibid.) et
rare gases (1901,
ibid.).