RAPPORT, subst. masc.
Étymol. et Hist. A. Subst. masc.
1. a) 1214
raiport « action de rapporter à quelqu'un ce qu'on a vu, lu, entendu, d'où récit, témoignage » (
Coll. de Lorr., 975, B.N. ds
Gdf. Compl.);
ca 1275
raport (
Adenet Le Roi,
Enfances Ogier, éd. A. Henry, 4166); en partic. 1573 vén. (
Dupuys); 1681 mar. (
Ordonnance de marine du mois d'août ds
Savary t. 2, p. 1270);
b) fin
xives. « récits qu'on fait, par indiscrétion ou malveillance, de certaines choses qu'on prétend avoir vues ou entendues » (
Eustache Deschamps,
Balades amoureuses, CCCCXLIX, 15 ds
Œuvres compl., éd. de Queux de St-Hilaire, t. III, p. 262: Or ne vueillés faulx
rappors nullement Croire de moy);
c) 1793 milit. « compte rendu des diverses opérations effectuées chaque jour dans l'unité » (
Schwan,
Nouv. dict. de la lang. fr. et all.);
2. a) 1538 « convenance, conformité » (
Est.); 1718
n'avoir aucun rapport avec (
Ac.: Ce que vous dites aujourd'hui
n'a aucun rapport avec ce que vous disiez hier);
b) fin
xvies. « action de rapprocher une chose d'une autre; lien établi par l'esprit entre des choses distinctes qu'il compare »
sans aucun rapport à leur troupe (
D'Aub.[
igné,
Sa]
Vie [
à ses enfants], XIII [éd. 1731] ds
Littré); 1678
avoir rapport à (
M. de La Fayette,
Pr. de Clèves, 76 ds
IGLF);
c) 1670 « correspondance plus ou moins exacte des diverses parties d'un tout » (
Pascal,
Pensées, éd. L. Lafuma, 199, p. 527);
d) 1690 « relation que deux grandeurs, deux quantités ont entre elles » (
Fur.);
e) 1740 « relation que les mots, les propositions ont les uns avec les autres, dans la construction » (
Du Mars,
Œuv., t. V, p. 64 ds
Littré);
f) fin
xviiies. « relation que les hommes ont entre eux »
des rapports d'homme à homme (
J. J. Rouss. ds
Besch. 1845); 1790
mettre en rapport avec qqn (
Saint-
Martin,
Homme désir, p. 243: c'est Dieu, et tout ce qui nous
met en rapport avec lui [
cf. 1787
se mettre en rapport, M.
Roland ds
Quem. DDL t. 28]); en partic. 1833 au plur. « relations sexuelles » (
Balzac,
Ferragus, p. 87: c'est bien mal à une femme qui a le bonheur d'être mariée en légitime mariage, d'avoir des
rapports avec un homme comme Henri);
3. a) 1283 dr. « action selon laquelle un cohéritier rapporte ce qu'il a reçu, par avance ou irrégulièrement, à la masse de la succession pour faire compte au partage » (
Philippe de Beaumanoir,
Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon, n
o619, tome I, p. 306);
b) fin
xives. « revenu, ce que produit une chose » (
Eustache Deschamps,
Balades, DCCCCLXXXVI, 2,
op. cit., t. V, p. 232: Des fruis des champs, du
raport de la terre);
c) 1660 « masse d'eau apportée par la marée montante »
rapport de marée (
Oudin Esp.-Fr.);
d) av. 1683 « action de mettre une chose sur une autre »
or de rapport « or plaqué » (
Colbert ds
Guérin 1892); 1718
terres de rapport « terres prises en un lieu et déversées en un autre » (
Ac.);
e) 1690
ouvrage de rapport (
Fur.).
B. Loc.
1. Par rapport à loc. prép.
a) 1677 « en prenant comme point de comparaison, en proportion de » (
Boss.,
Conn., I, 8 ds
Littré);
b) 1678 [éd.] « en rapportant tout à » (
La Rochefoucauld,
Maximes, éd. J. Truchet, 81, p. 25);
2. a) 1789
sous tous les rapports « à tout point de vue » (
Le Moniteur, t. 2, p. 392: Aussi, devenu citoyen
sous tous les rapports, il serait plus intéressé à la défense de sa patrie);
b) 1792
sous beaucoup de rapports loc. adv. (
Staël,
Lettres L. de Narbonne, p. 26);
c) 1792
sous le rapport de (
Id.,
ibid., p. 54);
3. 1797
en rapport avec loc. prép. (
Voy. La Pérouse, t. 1, p. 234);
4. 1833
rapport à loc. prép. (
Balzac,
Méd. camp., p. 184). Déverbal de
rapporter*.