RAPPELER, verbe
Étymol. et Hist. A. Verbe trans.
1. a) ca 1100 « faire revenir auprès de soi en appelant » (
Roland, éd. J. Bédier, 1912); en partic. 1
remoit.
xiies. « (en parlant de Dieu) faire mourir » (
Psautier Oxford, 101, 25 ds T.-L.);
b) ca 1170 « appeler de nouveau pour faire venir » (
Chrétien de Troyes,
Erec et Enide, éd. M. Roques, 924);
c) ca 1245, juin « faire revenir quelqu'un qui est exilé ou en disgrâce » (
Philippe Mousket,
Chron., éd. de Reiffenberg, 370);
d) 1670
rappeler à la vie (
Racine,
Bérénice, IV, 7, 1232);
e) 1675 « (d'une chose) constituer une raison majeure qui provoque le retour de quelqu'un » (
Boileau,
Epistre, VIII, Au Roy, éd. A. Cahen, 26); 1802 « enjoindre à quelqu'un de regagner son poste, une ville... » (
Baudry des Loz.,
Voy. Louisiane, p. 23:
rappeler une grande partie du détachement à la Nouvelle-Orléans); 1854
rappeler un diplomate (
Tocqueville,
Corresp. [avec Gobineau], p. 211);
f) 1839 « faire revenir un acteur sur scène par des applaudissements » (
Balzac,
Massimilla Doni, p. 442: La Tinti
rappelée fut applaudie avec fureur);
2. a) ca 1175 « réprimander quelqu'un en lui remettant à l'esprit l'attitude dont il n'aurait pas dû s'écarter »
rapeler qqn a bienvoillance (
Benoît de Ste-
Maure,
Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 23150);
ca 1265 « (d'une chose) déclencher chez quelqu'un une prise de conscience qui l'amène à se corriger » (
Brunet Latin,
Trésor, éd. Fr. J. Carmody, II, 118, p. 299, ligne 9);
b) xiiies. « faire revenir dans la mémoire »
rapele a ta memore ton anemi (
Livre de Job, f
o38 r
ods
Rois, éd. Le Roux de Lincy, p. 490), attest. isolée; à nouv. au
xviies. 1640-44 (
D'Ablancourt, trad. des
Annales de Tacite ds
Mél. Grevisse, p. 21); 1661 pronom. (
Molière,
Dom Garcie de Navarre, IV, 7, 1235); en partic. 1789
rappeler qqn, se rappeler au souvenir de qqn (
Staël,
Lettres jeun., p. 329);
c) 1744 « (d'une chose) évoquer autre chose par sa ressemblance » (
Volt.,
Mérope, II, 2 ds
Littré);
3. a) fin
xvies. « faire revenir ce qui n'est plus »
r'appeller sa foy (
D'Aubigné,
Les Tragiques, Princes, éd. J. Bailbé et M. Soulié, p. 75);
b) 1831 « (d'une chose) remettre dans sa position initiale, faire revenir en arrière » (
Nodier,
Fée Miettes, p. 129: comme les dents acérées d'une tenaille que la clef à vis
rappelle de cran en cran à l'endroit où elles se mordent);
cf. 1905
les ressorts ... qui rappellent en arrière (
Schmitt,
Simon,
Guédon,
Nouv. manuel organiste, p. 46);
c) 1904 alpin. (C.A.F.,
Manuel ds
Petiot);
d) 1904 mar.
rappeler le navire sur tribord (
Nouv. Lar. ill.).
B. Intrans.
1. av. 1755 « (d'un tambour, d'un clairon...) battre, sonner le rappel » (
Saint-
Simon,
Mémoires, éd. A. de Boislisle, t. 9, p. 183);
2. 1842 mar.
rappeler sur son ancre (
Dumont d'Urville,
Voy. Pôle Sud, t. 3, p. 163);
3. 1898 « (d'oiseau) faire entendre le rappel » (
Claudel,
Violaine, p. 643). Comp. de l'élém. formant
r(e)-* et de
appeler*.