RAIDE, ROIDE, adj. et adv.
Étymol. et Hist. A. Adj.
1. ca 1140 masc.
reit « qui ne ploie pas, ferme, solide » (
Pélerinage Charlemagne, 604 ds T.-L.); 1155 fém.
redde (
Wace,
Brut, éd. I. Arnold, 9297);
2. a) ca 1165 « qui n'a plus la souplesse de la vie » (
Troie, 13361 ds T.-L.);
b) 1859 « ivre » (
Larch., p. 81); 1915
se faire porter raide (
Sain. Tranchées, p. 113);
3. a) ca 1170 « qui n'est pas souple, qui est rendu rigide »
orfrois roides (
Chrétien de Troyes,
Erec, éd. M. Roques, 6610);
b) 1461-67 « tendu au maximum »
tenir la bride royde (J.
de Bueil,
Jouvencel, éd. L. Lecestre, t. 1, p. 70); 1848
marcher sur [
...]
la corde raide (
Flaub.,
Champs et grèves, p. 248); 1881 au fig.
la corde raide du paradoxe (
Zola,
Doc. littér., Gautier, p. 113);
4. 1176-81 « impétueux, animé d'un mouvement rapide et fort » [par confusion avec l'a. fr.
rade, v.
rapide étymol.] (
Chrétien de Troyes,
Chevalier Lion, éd. M. Roques, 3085); 1551 « qui va en ligne droite »
roide vol (
Ronsard,
Tombeau de Marguerite de Valois ds
Œuvres compl., éd. P. Laumonier, t. 3, p. 73);
5. a) ca 1180 « qui refuse le compromis, sans concession, inflexible » (
Marie de France,
Fables, 46, 54 ds T.-L.);
b) 1759 « qui manque de spontanéité, d'expression, d'abandon » (
Diderot,
Lettres à S. Volland, p. 72);
6. ca 1125 « qui se tient très droit » (
Gautier de Coinci,
Mir. Vierge, éd. V. Fr. Koenig, I Mir 43436, t. 3, p. 207);
7. 1
remoit.
xiiies. « très pentu, abrupt » (
1reContinuation Perceval, ms. E, éd. Roach et Ivy, II, 141, 4843);
8. a) fin
xiiies. (d'une boisson) « fort, dur, sec, difficile à avaler » (
Du sot chevalier, 195 ds
Rec. gén. des fabliaux des XIIIeet XIVes., éd. A. de Montaiglon et G. Raynaud, t. 1, p. 226);
b) 1848 « difficile à admettre, choquant, osé » (
Sand,
Corresp., t. 3, p. 44);
c) 1856 « difficile à admettre, dur » (
Labiche,
Un M. qui a brûlé une dame, 7, p. 419);
9. 1584 « brusque, violent » (
Ronsard,
Bocage royal ds
Œuvres compl., éd. P. Laumonier, t. 8, p. 88, 5);
10. 1880 « privé de la latitude que donne l'argent, désargenté » (
Grison ds
Larch. Nouv. Suppl. 1889, p. 202).
B. Adv.
1. a) ca 1245 « violemment, brusquement » (
Philippe Mousket,
Chron., éd. de Reiffenberg, 22659); fin
xives.
tué tout roit (E.
Deschamps,
Ballades, MXXXV,
Œuvres, éd. de Queux de St-Hilaire, t. 5, p. 312); 1580
tomber roide mort (
Montaigne,
Essais, I, XVIII, éd. P. Villey, t. 1, p. 75);
b) 1636 « sans dévier, avec force, impétuosité » (
Monet);
2. 1888 « de façon osée, choquante » (A.
Daudet,
Immortel, p. 183).
C. Subst.
1. 1758 « ce qui manque d'expression, de vie, de spontanéité » (
Diderot,
De la Poés. dram., p. 268);
2. 1859 « eau-de-vie » (
Larch., p. 81);
3. 1888 « caractère osé, audace pornographique » (A.
Daudet,
op. cit., p. 150). Du lat.
rigidus « raide, rigide, dur, sévère » avec généralisation de la forme fém.
roide, devenue
raide, qui a supplanté le masc. a. fr.
reit, roit.