RÉDUCTION, subst. fém.
Étymol. et Hist. I. 1. Ca 1290
redution « rapprochement » (trad.
Fauconnerie empereur Frédéric II ds
Z. rom. Philol. t. 46, p. 279: par la
redutïon et l'aplicatïon de lor eiles au cors [reductionem]); d'où l'expr.
ca 1470
avoir reduction à qqn « être en relation avec quelqu'un » (
Georges Chastellain,
Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, III, p. 475);
2. ca 1290
reducion dou faucon « action de faire revenir et rasseoir le faucon sur la main du fauconnier » (Trad. du
De arte venandi cum avibus, éd. G. Holmér, 71, 21, p. 201); d'où 1377 « restitution au précédent état, rétablissement » en partic.
la bonne reduction [
d'une luxation] (
Lanfranc, f
o108 ds
Littré).
II. 1. 1413 « action de diminuer la valeur de quelque chose »
la reduction des franchises et libertez de l'Eglise (
Journal de Nicolas de Baye, éd. A. Tuetey, II, 157); d'où 1808 « quantité dont quelque chose est réduit; rabais »
une réduction de 200 francs (
Legouvé,
Mort Henri IV, p. 291);
2. 1752 « action de reproduire quelque chose en diminuant toutes les dimensions de l'original dans les mêmes proportions » (
Trév.); 1800 « compas »
quartiers de réduction (
Chateaubr.,
Fragm. Génie, pp. 198-199);
3. 1897
réduction chromatique (
L'Année biol., p. 3 [1899] ds
Quem. DDL t. 6);
4. 1932 mécan. (
Lar. 20e);
5. 1933 ling. (
Mar. Lex.).
III. 1. 1450 « action de soumettre par la force quelqu'un »
la conqueste et redduction en nostre obeissance (Mars, A.N. JJ 185, pièce 73 ds
Gdf. Compl.);
2. a) 1718 « état de gêne, d'indigence où se trouve réduit quelqu'un » (
Ac.);
b) av. 1750 « état d'épuisement, de pénurie d'une collectivité »
la réduction où se trouvait la France (
St-
Simon, 27, 50 ds
Littré);
3. 1770 « au Paraguay, aux
xviieet
xviiies., centre de population indienne sous la domination des jésuites » (
Raynal ds
Lar. 19e);
cf. 1773 plur. gén. en Amérique du Sud, ici au Chili (
Bougainville,
Voy. autour du monde, I, 90);
4. déb.
xxes. « action de réduire quelqu'un à un état d'infériorité ou de contrainte » (
Claudel ds
Lar. Lang. fr.).
IV. 1. 1680 chim. (
Rich.);
2. 1814 art culin. (
Viard,
Cuisin. impérial, p. 95).
V. 1. 1690 math.
reduction des entiers en fractions (
Fur.); 1924 fig.
la réduction au commun dénominateur « gidien » (
Massis,
Jugements, p. 24);
2. 1701 log.
reduction ad absurdum (
Fur.); 1718
reduction à l'absurde (
Ac.);
3. 1829 « action de ramener une chose abstraite à une forme équivalente plus simple, plus commode ou plus facile à comprendre » (
Cousin,
Hist. philos. XVIIIes., 1, p. 190: la
réduction de l'espace au corps est la
réduction de l'infini au fini); 1943
la réduction phénoménologique (
Sartre,
Être et Néant, p. 16);
4. 1834 mus. (
Fétis,
La Musique mise à la portée de tout le monde, p. 376 [Paulin] ds
Quem. DDL t. 25);
5. 1870 astron. (
Littré);
6. 1951 « action de réduire une notion à un équivalent trop limitatif ne rendant pas suffisamment compte de son contenu » (
Camus,
Homme rév., p. 258: la
réduction du travail à une marchandise et du travailleur à un objet). Empr. au lat. class.
reductio « action de ramener », formé sur
reductum, supin de
reducere, v.
réduire.