RÉBUS, subst. masc.
Étymol. et Hist. A. 1. a) 1512 « équivoque, mot pris dans un autre sens que celui qui est naturel » (
Contreblason des faulses amours, 160 ds
Guillaume Alexis,
Œuvres, éd. A. Piaget et G. Picot, t. 1, p. 288: Fuyr Venus, Mavors, Janus, Et Cupido, Car leurs
rebus Ne sont que abus; 1432, t. 1, p. 332);
b) 1546 « langage figuré, conventionnel » (
Rabelais, Tiers Livre, éd. M. A. Screech, XV, 68: [les moines] se transportent en la sainte Chapelle (ainsi estoit en leur
Rebus nommée la cuisine claustrale) ); 1845
parler rébus « obscurément » (
Besch.);
2. 1583-90 « bévue »
faire de grandz rebus et des fautes (
Brantôme, Mareschal de Biron [V, 129] ds
Hug.).
B. Av. 1535 « jeu d'esprit consistant en mots, lettres, objets figurés qui évoquent par homonymie un mot ou une phrase à deviner »
rebus de Picardie (
Cl. Marot, 2eCoq a l'asne, 129 ds
Œuvres, éd. C. A. Mayer, t. 2, p. 128: Une estrille, une faulx, ung veau, C'est à dire estrille fauveau, En bon
rebus de Picardie [allus. au
Roman de Fauvel,
xives., dont le personnage principal, le cheval Fauvel, dispense tous les biens à ceux qui l'étrillent; v. aussi éd. C. A. Mayer, note 3]). De
rebus, ablatif plur. du subst. lat.
res « chose », le point de départ de l'appellation étant controversé. D'apr.
FEW t. 10, pp. 287b-288a, parce que ce jeu a d'abord consisté à représenter un mot, une phrase à deviner, par des dessins (
rebus, p. oppos. à
litteris); cette explication ne rend cependant pas compte du fait que A 1 ne semble pas supposer de représentation fig. L'explication de
Mén. 1650 prenant comme point de départ
rebus de Picardie (parce que dans cette province les clercs de la Bazoche lisaient dans les rues lors du Carnaval, des libelles ,,
de rebus quae geruntur`` − qui pouvaient comporter des équivoques), est écartée avec raison par
FEW, loc. cit., l'expr. étant postérieure à l'apparition du mot,
rebus de Picardie, d'Arras (
Hug.) s'expliquant par une particulière faveur de ce jeu d'esprit en pays pic. Compte tenu de son sens init. [A 1],
rebus serait pour
Guir. Étymol. obsc., une forme de
rebours*, également
rebous en a. fr. (1268
Claris et Laris, 26589 ds T.-L.:
a rebors rime avec
estous;
xiiies.
rebous « émoussé » ds
Gdf.) empl. subst. au sens de « contrepied, contraire de ce qui devrait être », relevé au
xviies. au sens de « devinette » (
FEW, loc. cit., p. 137b), le sens B « rébus en images » étant une accept. second., facilement reliée au lat.
rebus (prononcé
rebous); cette hyp. se heurte cependant au fait que dans les premiers ex.,
rebus rime avec
abus et
imbutz (
supra A 1).