QUEUE1, subst. fém.
Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 1100
cue « appendice qui prolonge la colonne vertébrale de nombreux mammifères » (ici d'un cheval) (
Roland, éd. J. Bédier, 1494);
b) 1548
mettre la queue entre les jambes « être couard » (
N. Du Fail,
Baliverneries, éd. J. Assézat, 164); 1606
s'en aller la queue entre les jambes (
Nicot);
c) 1651
tirer le diable par la queue (
Scarron,
Roman comique, éd. E. Magne, 48); 1656
il n'y en a pas la queue d'une « il n'y en a point du tout » (
Oudin,
Cur. franç., p. 355);
d) 1542 « membre viril » (
Rabelais,
Gargantua, éd. R. Calder et M. A. Screech, var. E, 40, p. 82);
e) 1877
cheveux queue de vache « roux » (
Zola,
Assommoir, p. 68);
2. ca 1440
a la queuleuleu « sorte de jeu où les enfants se tenaient en file les uns derrière les autres » (
Amant rendu cordelier, éd. A. de Montaiglon, 1732);
ca 1450
a la queue « en poursuivant » (
Monstrelet,
Chroniques, II, 127 ds
Gdf. Compl.);
ca 1500
se mettre a la queue de... « suivre, poursuivre » (
Philippe de Commynes,
Mémoires, éd. J. Calmette, II, 180);
3. 1121-34
cüe de peissun (
Philippe de Thaon,
Bestiaire, 1368 ds T.-L.); 1833
finir en queue de poisson (
Balzac,
Ferragus, p. 14); 1909
queue de poisson « rabattement brusque d'un véhicule devant celui qu'il vient de doubler » (en cyclisme) (
L'Auto, 21 janv. ds
Petiot 1982); 1924 automob. (
La Pédale, 18 mai,
ibid.).
B. 1. Ca 1225
la queue d'une poire (
Gautier de Coinci,
Mir. Vierge, éd. V. F. Koenig, I
Mir 19); 1940
des queues! « rien » (ds
Esn.);
2. a) 1334 « poignées, manches de certains objets » (
L. Delisle,
Actes Normands, 119);
b) 1548 « partie qui excède par le bas le corps d'une lettre » (
T. Sebillet,
Art poét. fr., éd. F. Gaiffe, 90); 1808
ajouter des queues aux zéros « falsifier des écritures à son profit » (
Hautel);
c) 1471
cowe « traînée lumineuse qui suit le corps des comètes » (
J. Aubrion,
Journ. ds
Gdf. Compl.);
ca 1535-74
queue... de comete (
Melin de St Gelays,
Œuvres, éd. P. Blanchemain, I, p. 124); 1929
queue d'un avion (
Guillemin,
loc. cit.);
3. 1160-74
coe « bandelette de parchemin au bas d'un acte, supportant le sceau » (
Wace,
Rou, éd. A. J. Holden, t. 2, p. 118, vers 6268);
4. 1752 « tige de bois dont on se sert pour jouer au billard » (
Trév.); 1835
faire fausse queue (
Ac.);
5. ca 1225
coue « extrémité d'une robe, d'un manteau, qu'on laisse traîner » (
Reclus de Molliens,
Miserere, 103, 7 ds T.-L.); 1828-29
queue de morue (
Vidocq,
Mém., t. 4, p. 44); 1845
queue de pie (
Sand,
Péché de M. Antoine, t. 1, p. 310);
6. 1762 « cheveux ramenés en touffe et serrés derrière la tête » (
Beaumarchais,
Eugénie, éd. L. Collin, I, 58); 1952
queue de cheval (
H. Bazin,
Lève-toi, p. 66);
7. xiiies.
faire la coe (à qqn) « le duper, le tromper » (
De la Sorisete ds
Rec. gén. des fabliaux, éd. A. de Montaiglon et G. Raynaud, IV, p. 165); 1859
faire des queues à qqn « faire des infidélités en amour » (
Larch., p. 79).
C. 1. 1160-74
coe « arrière-garde » (
Wace,
op. cit., p. 80, vers 5198);
2. 1563 maçonn. (
B. Palissy,
Recepte, p. 93);
3. 1566
(songes) qui n'ont ni teste ni queue « dépourvus de sens » (
C. de Kerquifinen, trad.
Gelli,
Disc., III, p. 69 ds
Hug.); 1835
sans queue ni tête (
Gautier,
Mllede Maupin, éd. Fasquelle, t. 1, [1928], p. 286);
4. 1687 « reste d'une dette » (M
mede Sévigné,
Lettres, éd. M. Monmerqué, t. 8, p. 27);
5. 1794 « file de personnes qui attendent leur tour » (
Moniteur univ., 6 prairial, an II, p. 999, 2
ecol. ds
Littré); 1798
faire la queue (
Ac.);
6. 1832 « texte qui laisse un blanc au bas de la page » (
Raymond);
7. 1890 chim.
produits de queue (
Ser,
loc. cit.). Du lat.
cōda, autre forme de
cauda « queue ». L'expr. sous A 2,
à la queue leu leu, signifie
à la queue, le loup! p. réf. à un jeu pratiqué par les enfants. Ceux-ci criaient
à la queue! pour se mettre en ligne, puis
le leu! (forme pic.
loup), pour manifester leur peur quand le joueur représentant le loup, attaquait. L'art.
le s'est transformé en
leu p. assim. avec les sons voisins (voir C. D.
Frank,
The french locution A la queue leu leu,
in Romanic Review, 1, p. 31 à 40).