QUE, conj., adv. et pron.
Étymol. et Hist. .
Que conj.
I. Introd. une prop. sub.
A. Une prop. circ.
1. cond. restrictive
a) 842 loc.
in o quid « à condition que » suivi du subj. [
quid a pour antécédent le pron. dém. neutre
o précédé de la prép.
in] (
Serments de Strasbourg ds
Henry Chrestomathie, 1, 6: si salvarai eo cist meon fradre Karlo et in aiudha et in cadhuna cosa [...]
in o quid il mi altresi fazet);
ca 1100
mais que « à condition que, pourvu que »
id., v.
mais II C;
b) 1245
que «
id. » suivi du subj. (
Huon le Roi,
Regrès N.-D., 223 ds T.-L. t. 8, 33, 47), v. aussi
condition (à),
pourvu que...;
2. compar.
a) que empl. avec le subj. 881
melz ... que,
que fonctionne à la fois comme corrélatif de l'adv. compar. et comme conj. introduisant la complétive (
Ste Eulalie ds
Henry Chrestomathie, 2, 17:
Melz sostendreiet les empedementz
Qu'elle perdesse sa virginitet; v. G.
Moignet,
Gramm. a. fr., p. 242);
b) que empl. avec l'ind.
ca 1100 la régissante est positive, l'ind. est précédé de
ne :
plus ... que ne (
Roland, éd. J. Bédier, 890:
Plus curt a piet
que ne fait un cheval);
id. greignor ... que ... ne;
mielz ... que ne (
ibid., 978, 1725); empl. de
que suivant la particule négative
ne pour constituer la loc. restrictive
ne ... que, v.
ne III; v. aussi
ainsi, autant, autre, même, mieux, moins, mieux que...;
3. finale, le verbe de la sub. est au mode subj. 881 (
Ste Eulalie, 27: Tuit oram que por nos deignet preier
Qued auuisset de nos Christus mercit); 937-952 (
Jonas, éd. G. de Poerck, 146:
preparavit Dominus un edre sore sen cheve
qet umbre li fesist),
cf. por ce que, por que, pour;
4. consécutive
a) α) le verbe est au mode ind., la conséquence est posée comme un fait affirmé 937-952
que est annoncé par
tant dans la régissante (
Jonas, 187:
tant laveint offendut
qe tost le volebat delir e inde la civitate volebat comburir); fin
xes.
si ... que (
Passion, 127; 192);
ca 1100
tel ... que (
Roland, 722);
id. sans terme d'appel dans la régissante (
ibid., 549: Soürs est Carles,
que nuls home ne crent);
β) le verbe est au mode subj.
id. si ... que la régissante est négative (
ibid., 1993); 1130-40
tel ... que la régissante est interr. (
Wace,
Conception N.-D., éd. W. R. Ashford, 490); fin
xiiies. [ms.] sans terme d'appel (
Henri de Valenciennes,
Henri de Constantinople, éd. J. Longnon, 501, p. 27, var.);
b) exprime la conséquence d'un fait formulé sous la forme d'une interr., d'une exclam. − ou d'une affirmation − 1130-40 (
Wace,
Conception N.-D., 252: Ai mesfait en nulle maniere
Que m'ofrende seit mise ariere?);
5. causale; le verbe de la sub. est au mode ind. 2
emoit.
xes. (
St Léger, éd. J. Linskill, 166: Super lis piez ne pod ester,
Que toz los at il condemnets); fin
xes. (
Passion, 404: No's neient ci per que crement,
Que Jesum Crist ben requeret), la prop. explicative ainsi construite est à peine une sub. :
que pourrait être considéré comme une ligature coordonnante et se traduire par
car (G.
Moignet,
op. cit., p. 237); v. aussi
parce que,
puisque...;
6. exclusive, exceptive
a) apr. une régissante positive
ca 1050 le mode de la sub. est l'ind. (
St Alexis, éd. Chr. Storey, 93: Larges almones,
que gens de l'en remest Dunet as povres);
b) apr. une régissante négative
ca 1100 mode subj. (
Roland, 759: Ne n'i perdrat [Carles] ne runcin ne sumer
Que as espees ne seit einz eslegiet; 982; 2401); v. aussi
moins (à), sans que...;
7. que introd. le second élém. d'un système temporel à deux membres solidaires; ce second membre exprime l'incidence d'un fait instantané par rapport à un procès en voie d'achèvement. Le caractère inachevé du 1
erprocès s'exprime par un verbe négatif
ca 1100 (
Roland, 84: Ja einz ne verrat passer cest premer meis
Que jel sivrai od mil de mes fedeilz; 694);
8. hypothétique; le mode de la sub. est le subj.
ca 1150
que équivaut à
se [+ subj. imp.] (
Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 3879:
Que fust seur aux la force moie, Mout volentiers m'en vengeroie!);
si + ind., suivi d'une seconde prop. introd. par
que + subj., v.
infra I B; v. aussi
supposer (à) que;
9. que entre dans la compos. de conj. et de loc. conj. introduisant des concess., v.
alors, bien, malgré, où que...
B. Dans le cas de deux sub. circ. (notamment temp. ou hyp.) juxtaposées ou coordonnées,
que s'emploie pour reprendre une autre conj. de subordination
a) ca 1050 deux temp.
quant ... que (
St Alexis, 167: Quant tut sun sun quor en ad si afermet,
Que ja, sum voil, n'istrat de la citied); fin
xiies.
quant ... et que (
Homélies sur Ezéchiel, 10, 7 ds T.-L. t. 8, 35, 28);
b) 1160-74 deux hyp.
se [+ ind.] ...
e que [+ subj.], car il s'agit en réalité de la conséquence de l'hyp. (
Wace,
Rou, éd. A. J. Holden, III, 8918: E se Deu le velt consentir, E
que a lui vienge a plaisir...).
C. Introd. une prop. complétive
1. Le verbe de la régissante implique une virtualité qui se traduit par le mode subj. empl. dans la sub.
a) α) le verbe de la régissante exprime le commandement, la prière
ca 881 (
Ste Eulalie, 14: Il li enortet ...
Qued elle fuiet lo nom christiien; 26: Tuit oram
que por nos degnet preier); 937-952 (
Jonas, 212: poscite li
qe remissionem ... peccatorum ... nos praebeat);
β) la défense
ca 1100 (
Roland, 2438);
γ) apr. un verbe exprimant le commandement,
que peut introduire le style direct 1176-81 un impér. (
Chrétien de Troyes,
Lion, éd. M. Roques, 365: Or te pri ...
que tu me consoille); un inf. avec négation, ayant valeur d'impér.
ca 1180 (
Fierabras, éd. G. Servois, 1587: ... te pri
que ci ne me laissier);
b) le conseil
ca 881 (
Ste Eulalie, 6: Elle no'nt eskoltet les mals conselliers
Qu'elle Deo raneiet [le verbe
conseiller est inclus dans le subst.]);
c) la volonté [937-952
Jonas, 197: liberi de cel peril qet il habebat discretum (var. decretum) qe super els mettrait (cond.)]
ca 1050 (
St Alexis, 249: Co ne volt il
que sa mere le sacet);
d) la convenance 2
emoit.
xes. (
St Léger, 6: ... si est biens
Quae nos cantumps de sant Lethgier [
id.]);
e) la crainte
ca 1050 (
St Alexis, 60; 199);
f) apr. les verbes factitifs (notions de « faire, permettre, empêcher »)
ca 1050 (
ibid., 370; 488);
2. le verbe de la régissante implique une actualisation (verbes de perception, d'énonciation, de connaissance)
a) le mode de la sub. est l'ind.
α) 937-952 (
Jonas, 172: co videbat ...
qe ... si astreient li Judei perdut; 194); fin
xes. (
Passion, 34), v.
voici, voilà que;
β) id. (
ibid., 364: A toz diran
que revisquet); apr. un verbe d'énonciation,
que introduisant le style direct, précède les particules
oïl, non 1160-74 (
Wace,
Rou, II, 379: Et Regnier dist
que non);
ca 1170 (
Rois, III, II, 13, p. 114: Cil respundi
Que oïl);
γ) ca 1050 (
St Alexis, 279: Or set il bien
qued il s'en deit aler); avec ell. du verbe d'énonciation, introd. le titre d'un traité, d'un chapitre d'une œuvre litt. 1580 (
Montaigne,
Essais, II, XV, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, p. 612 :
Que nostre desir s'accroit par la malaisance [titre]);
b) le mode de la sub. peut, avec ces mêmes verbes, être le subj. quand le verbe régissant
α) exprime une hyp.
ca 1050 (
St Alexis, 495: Il nem faldrat s'il veit
que jo lui serve);
β) est négatif
ca 1100 (
Roland, 448);
3. le verbe régissant exprime une opinion, une appréciation
a) opinion
α) fin
xes. le mode de la complétive est le subj. (
Passion, 438: Il li non credent
que aia carn; 440);
β) id. l'ind., amené par l'empl. de la 1
repers. de l'ind. du verbe régissant (
ibid., 343: E ço m'est vis
que ço est l'ume Deu);
b) appréciation
α) id. l'appréciation portant sur un fait établi (
ibid., 440: Co'st grant merveile
que pietet ne t'en prist);
ca 1100 le verbe unissant l'attribut à la complétive qui fait fonction de suj., est s.-ent. (
Roland, 716: Deus! quel dulur
que li Franceis nel sevent);
β) ca 1165 subj., l'appréciation portant sur une éventualité (
Benoît de Ste-
Maure,
Troie, éd. L. Constans, 16237).
II. Introd. une prop. indép. ou princ. au subj. Il semble qu'il y a ell. d'un verbe régissant « je demande, je souhaite, j'ordonne »
a) optative
α) subj. prés.; expression d'un souhait fin
xes. (
Passion, 200:
Que de nos aiet pïeted!);
β) imp. du subj., expression d'un regret fin
xiies. (
Prise d'Orange, éd. Cl. Regnier, 467 [réd. AB]:
Que pleüst Deu, ... Que ci fust ore le palazin Bertran; v. note, p. 131);
b) jussive 1174-76 (
Guernes de Pont Ste-
Maxence,
op. cit., 4802).
III. Explétif. Dans une interr.,
que peut être intercalé entre le mot interr. et le verbe
1. xiiies. [ms.] (
2econtin. de Perceval, éd. W. Roach, 31168, leçon ms. P: Que je ne soi que il devindrent Ne quelle voie
que il tinrent);
2. xiiies.
que si équivalent à
si exprimant une hyp.; empl. dans le style jur., le style soutenu (
Livre de Jean d'Ibelin ds
Assises de Jérusalem, éd. J. Beugnot, t. 1, p. 76).
.
Que rel.
I. Empl. avec antécédent
A. 1. En fonction d'obj. dir.
a) α) 842 masc. sing. (
Serments de Strasbourg ds
Henry Chrestomathie, 2, 19: Si Lodhuuigs sagrament
que son fradre Karlo jurat, conservat...); 937-952 (
Jonas, éd. G. de Poerck, 196: Liberi de cel peril
qet il habebat discretum qe super els mettreit; 203);
β) id. masc. plur.
que (
ibid., 10; 209; 236);
b) α) id. fém. sing.
quae (
ibid., 158); fin
xes. (
Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 96);
β) 2
emoit.
xes. fém. plur. (
St Léger, 152);
c) α) ca 1050 neutre, l'antécédent est le pron. dém.
ço (
St Alexis, éd. Chr. Storey, 353; 386);
β) ca 1100 forme le second élém. d'une loc. à valeur concessive dont le premier élém. est un pron. ou un adv. indéf.; la rel. introd. est au mode subj.
ca 1100
que ... que (
Roland, éd. J. Bédier, 3827), v.
quoique; v. aussi
comment, combien ... que;
2. en fonction de suj., dans certains dial., notamment en agn., lorr., fr.-comtois et champ. de l'est (v. Ph.
Ménard,
Synt. de l'a. fr., 1976, § 64 et R.
Martin ds
Trav. Ling. Litt. Strasbourg t. 5, 1, 1967, pp. 112-116);
a) α) 2
emoit.
xes. masc. sing. (
St Léger, 232: Lai s'aprosmat [Vadart]
que lui [Lethgier] firid); fin
xes. (
Passion, 221);
β) ca 1100 masc. plur. (
Roland, 3037);
b) α) fin
xes. fém. sing. (
Passion, 400);
β) 1
remoit.
xiies. fém. plur.
qued (
Psautier d'Oxford, éd. Fr. Michel, LXXXVIII, 34);
c) α) ca 1100 neutre
ço que (
Roland, 3519);
β) ca 1100 d'un rel. comp. à valeur généralement concessive (v. G.
Moignet,
Gramm. de l'a. fr., 1973, pp. 166-167; Ph.
Ménard,
op. cit., § 78)
qui ... que (
Roland, 1546); v.
qui I A 2 c β;
ca 1150
que ... que (
Wace,
St Nicolas, éd. E. Ronsjö, 1421);
3. en fonction d'attribut. L'antécédent de que est un subst. suj. de la régissante; le suj. de la rel. est un pron. fin
xives. (
Froissart,
Chron., I, § 298, éd. S. Luce, t. 4, p. 25, 10: et recorderent ... que une puignie de gens
qu'il estoient, il avoient desconfi le roi d'Escoce).
B. Rattaché à un antécédent de sens local ou temporel,
que a la valeur d'adv. rel., équivalent à « où »,
cf. P.
Imbs,
Prop. temp. a. fr., 1956, pp. 195; 217;
1. fin
xes. local (
Passion, 436: Vedez mas mans, vedez mos peds, Vedez mo laz,
qu'i fui plages);
2. fin
xes. temp. (
Passion, 58: Venrant li an, venrant li di
Que tt'asaldran toi inimic),
cf. les loc. conj. du type
a l'ore que, P.
Imbs,
op. cit., p. 220; v.
lorsque.
II. Que empl. sans antécédent; rel. neutre.
A. La rel. introd. est obj. dir. du verbe régissant
1. fin
xes. (
Passion, 446: Alques vos ai deit de raizon
Que Jesus fez pos passïon), v.
que interr. I 2 a,
cf. G.
Moignet,
op. cit., p. 168, § 2
in fine; fin
xies. [ms.] (
Sponsus ds
Henry Chrestomathie, n
o140, p. 252, 22: Oiet, virgines ... Aiet presen
que vos comandarum!);
2. fin
xes. la rel. est ell. du verbe (
Passion, 7; 8: Per tot obred [Christus]
que verus Deus, Per tot sosteg
que hom carnels);
3. ca 1100 le verbe de la sub. introd. est un inf.; le verbe de la régissante est négatif et implique une idée d'indétermination (
Roland, 987: Se ne l'assaill, dunc ne faz jo
que creire), v.
que interr. II 2 b.
B. La rel. introd. constitue un compl. de propos; mode subj.
ca 1150 (
Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 4019:
Que mon fils puisse, pas ne cuit Que hom soit pris en mon conduit);
ca 1165
que jou sace (
Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 1611).
C. Que est suj. neutre
1. 1160-74 (
Wace,
Rou, éd. A. J. Holden, III, 7264: De voz terres vos chaceront E
que piés iert, vos ocieront);
xiiies. (
Ordene de chevalerie ds
Barbazan et
Méon,
Fabliaux et contes, t. 1, p. 77, 474: Fai que dois, aviegne
que puet);
2. la prop. introd. par
que remplit la fonction de suj. dans une phrase à prédicat
a) le thème isolé par
que est un inf.
α) ca 1200 (
Chevalier au cygne, 224 ds T.-L. t. 8, 14, 9: C'est li miex que je voie
que la vile assieger); 1280 (
Clef d'amors, 896,
ibid., 14, 8);
β) ca 1260
que de (
Philippe de Novare,
Quatre âges de l'homme, 133,
ibid., 14, 29);
b) le thème isolé par
que est un subst. v.
Moignet,
op. cit., p. 159,
ca 1210 (
Raoul de Houdenc,
Meraugis, 4575,
ibid., 14, 2: C'est li nons qui plus droit se nome
Que li tuens); 1269-78 (
Jean de Meun,
Rose, éd. F. Lecoy, 14167).
.
Que interr. Pron. rel. du genre inanimé
I. Interr. indir.
1. a) 2
emoit.
xes. en fonction d'attribut du suj. (
St Léger, éd. J. Linskill, 156: Ne soth ...
qu'es devenguz);
b) 1230-35 élément d'un interr. comp. (
Mort le Roi Artu, éd. J. Frappier, § 14, 13, p. 10: savez vos
que ce est que vos m'avez otroie?);
2. a) ca 1050 en fonction de régime dir. (
St Alexis, éd. Chr. Storey, 270: ... ne sevent
que funt);
ca 1100 (
Roland, 460; 1982); dans la lang. mod., l'interr. indir. est devenue rel.,
que ayant été remplacé par
ce que;
b) le verbe de l'interr. introduite par
que est l'inf., le verbe de la régissante étant le plus souvent négatif et impliquant interr., délibération (
avoir, savoir, laisser...),
cf. que rel. II A 3
ca 1100 (
Roland, 2123: Or ad li quens ... asez
que faire);
ca 1170 (
Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 1604; N'ai
que faire de cel latin); fin
xiies. (
Raoul de Cambrai, éd. P. Meyer et A. Longnon, 1172: ne sai
qe penser);
3. en fonction de suj.
ca 1170 agn. (
Rois, II, 34-35, p. 96: ne me aperceif pru
que est dulz e
que amer).
II. Interr. dir.
1. en fonction de régime dir. fin
xes. (
Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 83:
Que m'en darez e'l vos tradrai?);
ca 1050 (
St Alexis, 501);
2. de compl. de propos fin
xes. (
Passion, 497: Lui
que aiude?);
ca 1170 (
Chrétien de Troyes,
Erec, éd. M. Roques, 3725: Moi
que chaut?; 4391: A vos
que tient?);
3. d'attribut du suj.
a) ca 1050 (
St Alexis, 107: ...
qu'est devenut?);
b) élém. d'un interr. comp. marquant l'insistance et constituant l'origine de la forme mod.
qu'est-ce que;
ce antécédent de la rel. figure comme suj. de
est,
que comme attribut 1174-77 (
Renart, éd. M. Roques, 6955: Renart, frere,
que ce puet estre?);
ca 1179 (
ibid., 2076: Ce
que est ore que vos dites?); 1230-35 (
Mort le roi Artu, éd. J. Frappier, 52, 22, p. 62: que est ce que vos dites?);
4. de suj.
1
remoit.
xiies. agn. (
Psautier d'Oxford, éd. Fr. Michel, CXIII, 5:
Que est a tei...? [quid est tibi]).
.
Que adv.
I. Interr.
1. Phrase positive « pourquoi »
a) fin
xes. interr. dir. (
Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 183: Maior forsfait
que i querem?); 1
remoit.
xiies. (
Psautier d'Oxford, éd. Fr. Michel, CXIII, 5:
que tu ies convertiz ariere? [
quia (« pourquoi »)
conversus es retrorsum?]);
b) ca 1135 interr. indir. (
Couronnement de Louis, éd. Y. G. Lepage, 1501);
2. ca 1050 phrase négative ; exprime un regret « pourquoi ne ... pas? » (
St Alexis, 419; 438: E de ta medra
que n'aveies mercit?)
II. Exclam.
ca 1165 « combien » (
Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 844: ...
que m'ont traï Li marceant de pute orine...!); fin
xiiies. [ms.] (
Gautier d'Arras,
Ille et Galeron, éd. A. G. Cowper, 2465, var. P: Caitive riens,
que Dix le het!).
.
Que conj. représente la conj. lat.
quia, qui, dans la lang. class. exprime la cause, fréq. en corrélation avec
eo, hoc, ob id ... Dans la lang. vulg.,
quia assume peu à peu d'autres empl., prenant la première place parmi les conj. complétives. Dès Plaute,
quia concurrence
quod pour introduire une prop. constituant le suj. ou le compl. du verbe principal « ce fait que; à savoir que » (
Plaute,
Mil., 1210:
istuc mihi acerbumst quia...;
Stich., 506 ds
Lat. Gramm. Synt. und Stil., § 316c:
mi volup est ... quia).
Quia est empl. en concurrence avec
quod pour introduire une complétive apr. les verbes d'opinion, d'affirmation et de sentiment [
quod ayant alterné avec la prop. infinitive], dep. Pétrone, 46, 4:
dixi quia (A.
Stefenelli,
die Volksprache im Werk des Petron, Stuttgart, 1962, pp. 100-102); il est fréq. dans cet empl. dans les trad. du gr., chez les auteurs chrét. (v. J.
Herman,
La Formation du système roman des conj. de subordination, Berlin, 1963, pp. 37-40). De même à la faveur des trad. bibliques,
quia s'emploie en concurrence avec
quod pour introduire le discours direct (
cf. la conj. gr. ο
́
τ
ι), v.
Lat. Gramm., id., § 312a, δ;
Lerch t. 1, p. 143. D'autre part, à basse époque,
quia s'affaiblit progressivement en
qua devant consonne init. et
qui devant voyelle; ces deux formes s'étant par la suite, empl. indistinctement,
qua se localisa notamment en Italie du Nord et du Sud, et
qui en Italie centrale, dans le domaine ibéro-roman et dans le domaine gallo-rom. où il est relevé au
viiies. sous la forme
que. Cette forme favorise sa confusion avec le rel.
quem, cas régime (
que rel.) et la conj.
quam, spéc. dans son empl. en corrélation avec un compar. (
ixes.), v.
FEW t. 2, 1466ab et J.
Herman,
op. cit., pp. 125-129.
.
Que rel. cas régime atone masc. sing. est issu du lat. class.
quem (acc. masc. sing. du rel.
qui). Après l'ext. des formes du masc. au fém. et au neutre, la perte de la distinction du nombre − la déclinaison s'étant, d'autre part, réduite aux cas suj. et régime −
que devint la forme atone du cas régime des trois genres sans distinction de nombre. Il est également relevé comme cas suj. neutre, et, dans certains dial. (
supra I A 2), masc.-fém., entrant en concurrence avec
qui*. L'ext. de
que(m) est perceptible relativement tôt:
quem pour
quam, acc. fém. sing.: Pompéi 2188 ds
Vään., § 285:
futuit quem voluit;
anno 380:
ancilla ... quem amice deflent ds
Löfstedt, p. 133; −
quem pour
quas, acc. fém. plur.:
vie-
viies.
Form. andec., 58 ds
Vään.,
ibid.; −
quem pour
quod, acc. neutre sing.: fin
ives.
Peregr. Aeth., 4, 2 ds
Löfstedt, p. 131, v. aussi
Vään.,
ibid. À basse époque, on relève également la forme
que pour
quem (
locus ... que comparavit sibi CIL III, 6399 d'apr. V.
Väänänen ds
Congrès internat. Ling. et Philol. rom., Québec, 1976, p. 271).
Que(m) est enfin susceptible d'être confondu avec
quae, neutre plur., rendu par
que apr. monophtongaison de
ae, écrit
e.
Qu(a)e, prenant une grande extension, pourra représenter les trois genres, sans distinction de nombre,
cf. vies. quae pour
quam Grégoire de Tours:
fovea quae fratri tuo parabis, v. V.
Väänänen,
Congrès..., pp. 270-271. -
Que, rattaché à un antécédent de sens temp. [I B 2] est rendu en lat. par
quod (
Plaute,
Amph., 302:
jam diu est, quod...;
Pline,
Lettres, IV, 27:
Tertius dies est, quod...; de même
Peregr. Aeth., 2, 2 ds
Löfstedt, p. 56), ou, à basse époque, par l'adv. rel.
qua (
his diebus qua, Peregr. Aeth., 5, 4,
ibid., p. 125),
cf. Vään., § 379
in fine;
Lat. Gramm. Synt. und Stil., 1964, § 355, b.
.
Que pron. interr. est issu du lat.
quid « quelque chose, quoi », nomin. et acc. neutre sing. du pron. interr.
quis en position atone (
cf. quoi*).
Que est du genre inan. et du cas régime; il ne fonctionne comme suj. que dans certains dial., notamment l'agn. et le pic.,
cf. que3en fonction de suj. masc. fém.; v. G.
Moignet,
Gramm. a. fr., 1973, p. 170.
.
Que adv. représente l'empl. adv. du pron. interr.
que.
Cf. le pron. interr. neutre lat.
quid pris à l'empl. adv. « pourquoi » dans la lang. class.