QUARANTE, adj. et subst. masc. inv.
Étymol. et Hist. A. Adj.
1. fin
xes. « quatre fois dix »
quaranta (
La Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 449);
ca 1140
quarante (
Le Voyage de Charlemagne, éd. G. Favati, 514);
2. 1688
quarente heures terme de liturg. cath. (
Rich. t. 2);
3. 1791 fam.
s'en foutre comme de l'an quarante ([
Lemaire]
69eLettre bougrement patriotique du véritable père Duchêne, p. 2 ds
Quem. DDL t. 19,
s.v. an quarante).
B. Subst.
1. 1694
le trente et quarante « jeu de hasard qui se joue aux cartes » (
Ac.);
2. 1764 « membre de l'Académie Française » (
Linguet, Épigr. contre d'Alembert ds
Littré); 1786 les
quarante de l'Académie (
Staël, Lettres jeun., p. 64);
3. 1797 « le nombre quarante » (
Voy. La Pérouse, t. 1, p. 178: En multipliant ce résultat par
quarante). Du lat. pop.
quaranta (
quarranta att. dans une inscription du
ves., v.
FEW t. 2, p. 139b), contraction du lat. class.
quadraginta « quarante ». L'orig. de l'expr.
s'en moquer comme de l'an quarante demeure obscure. Des diverses hyp., celle de
Lar. 19et. 2, p. 901a,
s.v. an rem. est invraisemblable, et d'ailleurs elle a été modifiée dans
Nouv. Lar. ill., la date et le cont. des 1
resattest. contredisent l'hyp. avancée par
M. Rat, Dict. des loc. fr., 1957. La moins invraisemblable reste celle de
DG, reprise ds
FEW t. 19, p. 99b, qui y voit une altér. d'
Alcoran « Livre sacré des Musulmans »,
cf. « n'y comprendre non plus qu'à de l'algèbre ou bien à l'Alcoran » (
Regnard, Menechmes, II, 3). On notera que
quarante est le nombre de l'attente (
cf. entre autres les quarante jours du déluge; Moïse appelé par Dieu à quarante ans, demeure quarante jours au sommet du Sinaï; Jésus ressuscite après quarante heures de séjour au sépulcre; Bouddha commence à Bénarès à près de 40 ans une prédication menée durant 40 ans).