PUDEUR, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1. 1542 « appréhension de ce qui peut porter atteinte à la dignité personnelle, au respect de soi-même » (P.
de Changy,
Instit. de la femme chrest., p. 213 ds
Gdf. Compl.);
2. a) 1580 « appréhension, gêne devant les réalités sexuelles » (
Montaigne,
Essais, II, 15, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, p. 615);
b) 1635 spéc. « vertu d'une femme chaste » (
Corneille,
Médée, I, 4);
c) 1690 « la décence telle qu'elle est définie par les convenances ou les règles d'une société donnée » (
Fur.: le Magistrat doit empêcher ce qui est contre la
pudeur et l'honnesteté publique);
3. a) 1606 « sentiment d'honneur » (
Guillaume du Vair,
Suassion de l'arrest pour... la loi salique, 513 ds
Actions... oratoires, éd. R. Radouant, p. 126: tous ceux qui se disent encores François et qui ont quelque reste de
pudeur);
b) 1673 « retenue qui empêche de manifester ses sentiments, ses idées » (
Boileau,
Epîtres, III, 5 ds
Œuvres, éd. F. Escal, p. 110: Si toûjours dans leur ame [des Protestants] une
pudeur rebelle, Prests d'embrasser l'Eglise, au Presche les rappelle);
4. a) 1607 « sentiment de honte, de confusion devant ce qui peut choquer, blesser la délicatesse » (E.
Pasquier,
Recherches de la France, Paris, Laurent Sonnius, p. 651... (chose pleine de honte et de
pudeur) Ogine veusve de Charles, convola en secondes nopces avecq Aldebert);
b) 1668, 27 déc. « modestie; peur des louanges excessives » (
Chapelain, A. M.
de Gronovius ds
Lettres, éd. Ph. Tamizey de Larroque, t. 1, p. 610b). Empr. au lat.
pudor, pudoris « sentiment de réserve, de retenue, de honte, de délicatesse; honneur; honte, déshonneur, opprobre ».