PROU, adv.
Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 adv. « beaucoup, bien » (
Roland, éd. J. Bédier, 2098 : Ki tant ne set ne l'ad
prod entendut); 1547 (éd. 1559)
ne peu ne prou (
Amyot,
Theag.[
enes] et
Car.[
iclea], ch. XXI ds
Gdf.); 1600
peu ou prou (
Olivier de Serres,
Theatre d'agriculture, Paris, Jamet-Métayet, 1600, p. 755);
2. ca 1165 empl. comme pron. indéf.
pro de « beaucoup de » (
Benoît de Ste-Maure,
Troie, 25136 ds T.-L. :
Pro i a
d'omes...);
ca 1190
preu de la gent (
Maurice de Sully,
Homélies, éd. C. A. Robson, 25, 20, p. 139). Empl. adv. du subst. a. fr.
pro, ca 1050 (
St Alexis, éd. Chr. Storey, 3 : S'i ert creance, dunt or n'i a nul
prut [sens « abondance, profit »,
cf. éd. G. Paris et L. Pannier, p. 178, note 1c ou « avantage, intérêt »,
cf. la trad. « qu'on n'estime pas beaucoup », ainsi que le gloss. de l'éd. Storey]);
ca 1100 « profit » (
Roland, 3459), sens encore relevé au
xviies. (1665
La Fontaine,
Contes, Paysan qui avait offensé son seigneur ds
Œuvres, éd. R. Gross, t. 1, p. 380 : Bon
prou vous fasse!).
Pro est issu du lat. vulg.
prode « profit », subst. de l'adj. inv. signifiant « utile, profitable », tiré de
prodest (
prodesse) sur le modèle du class.
pote est? potest :
Itala Matth. XVI, 26 et
Luc IX, 25 :
quid enim prode est homini... [
cf. Vulgate Luc, IX, 45 :
quid enim proficit homo];
prode est le plus souvent empl. avec tmèse : fin
ives.
Peregr. Aether., 8, 3 :
prode illis est, Blaise Lat. chrét. De là, les formes de type
prode fuit, fuerunt servant de parfait à
prodesse (
Martyrium Matthaei, 21 d'apr.
E. Löfstedt,
Syntactica, t. 2, 1933, p. 402, note 2) et les empl. de
prode avec
facere (
prode facitis, Jean XII, 19, cod. Cantabr.;
prode faciat, 654-681
Lex Wisigoth., lib. 6, tit. 4, § 3, v.
Löfstedt, p. 184 et
Nierm.). À rapprocher du m. fr.
ne peu ne prou, fr.
peu ou prou, l'a. prov.
petit o pro 1130-48,
Marcabru,
Œuvres, éd. J.M.L. Dejeanne, XV, 12, p. 61.