PROTESTER, verbe trans.
Étymol. et Hist. 1. a) 1339 trans. indir.
protester de + inf. « s'engager solennellement à » (
Registre criminel de la justice de Saint-Martin-des-Champs, éd. Tanon, 152);
b) ca 1500
protester de qqc. « récuser d'avance » (
Philippe de Commynes,
Mémoires, éd. J. Calmette, t. II, p. 31); 1650 dr.
protester de nullité (Cardinal
de Retz,
Ordonnance, 20 mai ds
Œuvres, éd. M. R. Chantelauze, t. 9, p. 40); 1671
protester de violence (
Molière,
Fourberies de Scapin, I, 4);
c) 1645
protester de + subst. « attester quelque chose avec énergie, insistance »
protester d'un nocence (
Corneille,
Suite du menteur, I, IV, 319 ds
Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. IV, p. 306); d'où 1665
un protestant « celui qui proteste de son amour pour une femme » (
La Fontaine,
Le Faucon, 40 ds
Œuvres, éd. H. Régnier, t. V, p. 157);
2. a) 1343 trans.
protester que « déclarer d'une manière solennelle » (
Trésor des Chartes du Comté de Rethel, éd. G. Saige et H. Lacaille, t. II, 46, 2 ds
Runk., p. 36); 1377
protester «
id. » (
Gace de La Buigne,
Déduis, éd. Å. Blomqvist, 11771); 1560 [éd.] « attester solennellement et publiquement quelque chose »
nous protestions notre chrestienté devant les hommes (
Calvin,
Instit. chrét., IV, XVII, 6, éd. J. D. Benoit, t. 4, p. 381); av. 1709
je vous proteste « je vous assure » (
Regnard ds
Lar. 19e);
b) 1611 « faire un protêt contre un effet de commerce » (
Cotgr.); 1835
protester [
un négociant] (
Ac.);
3. a) 1650 intrans. « exprimer vivement son opposition » (
Retz d'apr.
Lar. Lang. fr.); 1668 absol. (
La Fontaine,
Fables, V, IV, 21 ds
Œuvres, éd. H. Régnier, t. I, p. 377); 1693
protester contre (
La Bruy.,
Disc. à l'Acad. franç., préface ds
Rob.);
b) 1863 « (d'une chose) sembler donner des marques de résistance ou de refus » (
Gautier,
loc. cit.). Empr. au lat. d'époque impériale
protestari « déclarer hautement, protester, affirmer; attester, témoigner » comp. de
pro- « devant, en avant » et de
testari « témoigner, attester », dér. de
testis « témoin ».