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POUBELLE, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1890 (Lar. 19eSuppl.). Empl. comme nom commun du nom du préfet de la Seine E. R. Poubelle [1831-1907], qui imposa l'usage de cette boîte à ordures d'immeuble en 1884.

Mise à jour de la notice étymologique par le programme de recherche TLF-Étym :

Histoire :
A. 1. a. « récipient destiné aux ordures ménagères d'un bâtiment ». Attesté depuis 1886 (Du Mesnil, RHPS 8, page 561 = Jugie, Poubelle‑Paris, page 206 : Aussi croyons‑nous qu'à l'encontre d'une partie, du reste très restreinte du public parisien, qui s'est émue de l'application de l'arrêté préfectoral du 24 novembre 1883, tous les hygiénistes ont considéré que la boîte à ordures, la Poubelle, pour l'appeler par son nom, était une excellente innovation, surtout pour les ménages pauvres). Première attestation présentant une minuscule : 1894 (Contesse, Le Monde illustré 04/08/1894, page 75 : Il y a entente verbale, mais réelle, entre lui [le chiffonnier] et le concierge qui ne verrait pas sans défiance un étranger pénétrer dans la cour et “pigocher” [« fouiller avec un objet pointu »] dans sa “poubelle”). Première attestation lexicographique : 1894 (Virmaitre, Argot : Poubelle (La) : Boîte à ordures qui tire son nom du préfet de la Seine qui en a ordonné l'usage). Remarque : la datation de 1884 avancée par le FEW (sur la foi de Driesen, Mél. Tobler 150) est erronée : s'il est vrai que l'un des décrets signés par Poubelle à ce sujet date du 7 mars 1884, il ne contient pas le terme poubelle : « Chaque propriétaire est tenu de mettre à la disposition des locataires un ou plusieurs récipients communs pour recevoir les résidus de ménage » (texte cité d'après ADEME). - 
A. 1. b. jeter/mettre (ou verbe du même paradigme) à la poubelle loc. verb. « rejeter avec mépris ». Attesté depuis av. 1907 [dans une chanson populaire] (Le Journal [= ?], in France, Langue verte : Dans la boîte qu'il inventa, Que de son nom propre il dota, […] Le bon Poubelle ! […] Vers le faîte toujours montant, C'est le Sénat que, maintenant, Il va guignant, vieillard ficelle ; Et sitôt qu'il y siégera, Les ministres il enverra A la poubelle !). - 
A. 2. « boîte à ordures individuelle à l'intérieur d'un logement ». Attesté depuis 1926 (Larousse ménager, cf. supra). - 
B. « ensemble de choses rejetées, méprisées ». Attesté depuis 1929 [15 décembre] (André Breton, Second manifeste du surréalisme, in Révolution surréaliste, numéro 12, page 11, in Frantext : L'article intitulé "Les Mercenaires de l'Opinion" et jeté en don de joyeux avènement à la remarquable poubelle qu'est la revue Bifur est suffisamment éloquent par lui‑même : Desnos y prononce sa condamnation et en quel style !). En revanche, la citation de 1900 de Barrès, Appel, volume 2, page 267 (Sa publication [les écrits politiques de Mermeix] devint le dépotoir de ce qu'une défaite laisse de rancune entre les associés vaincus. On eût dit une des voitures qui, pour le service de la voirie, passent chaque matin à nos domiciles. Diverses personnes toutefois hésitaient à livrer gratuitement leurs poubelles [métaphore filée sur le sens A. 1. a.]) donnée supra est à reclasser sous A. I. a. - 

Origine :
Formation française : déonomastique créé par ellipse de la locution nominale féminine boîte (à) poubelle « boîte à ordures ménagères » (attestée en 1884 [Le Figaro, 16 janvier, page 2 : Non, monsieur le préfet, ce n'est pas avec un concert de louanges que la postérité se rappellera cette mesure. On rit encore des colonnes Rambuteau, qui pourtant on rendu service. On a ri aussi des « manches à Gigot », cet essai infructueux des plaques indicatrices sur les voitures. Je crois qu'on ne rira pas des « boîtes Poubelle » ; cf. aussi Le Figaro du 11 septembre 1884, page 1], en 1892 [Renard, Journal, page 138 = Frantext : Verlaine, ah ! oui, un Socrate particulièrement boueux. Arrive sentant l'absinthe. Vanier lui donne cent sous contre reçu, et Verlaine reste là, cause, bafouille, parle par gestes, par froncements de sourcils, avec les plis de son crâne, ses pauvres mèches, et sa bouche où habiteraient des sangliers, et son chapeau, et sa cravate de boîte à Poubelle] et peut‑être en 1890 [Larousse1 Supplément2 : Poubelle (Eugène‑René) […] Lors de son arrivée à la préfecture de la Seine, il imposa aux propriétaires d'immeubles à Paris une boîte à ordures ménagères qui a gardé son nom ; en fonction de la lecture que l'on fait de cette attestation]). La locution a été créée entre 1884 et 1886 dans le français populaire de Paris (probablement dans le milieu des chiffonniers, cf. Base des mots fantômes s.v. poubelle) sur le nom de personne Poubelle (patronyme du préfet de la Seine E.‑R. Poubelle [1831—1907] qui, par deux décrets, datant du 24 novembre 1883 et du 7 mars 1884, imposa à Paris l'usage des boîtes à ordures d'immeubles, cf. Driesen, Mél. Tobler, Nyrop 4, 377 et ci‑dessus). L'ellipse semble avoir été presque immédiate, et le nouveau nom a très rapidement évincé le syntagme originel. Dans les années 1920, le mot a perdu définitivement son caractère populaire et acquis de nouveaux sens (A. 2. par restriction de sens, B. au figuré). On manque de données chronologiques pour jalonner sa diffusion hors de Paris. Cf. von Wartburg in FEW 9, 273a, Poubelle ; Base des mots fantômes s.v. poubelle.


Rédaction TLF 1988 : Équipe diachronique du TLF. - Mise à jour 2005 : Éva Buchi ; Jean-Pierre Chambon ; Nadine Steinfeld. - Relecture mise à jour 2005 : Pierre Rézeau ; Christian Seidl ; Emmanuel Deronne.