POTEAU, subst. masc.
Étymol. et Hist. A. 1. 1176-81 «pièce de charpente dressée verticalement et servant à maintenir ou à supporter»
postel (
Chrétien de Troyes,
Chevalier au lion, éd. M. Roques, 218); fin
xiiies. [date du ms.]
postiaus plur. (
Wace,
Rou, éd. A. J. Holden, III, 1220, var. ms. B); 1406
posteaul sing. (doc. liégeois ds
Gdf. Compl.); 1412-14
ung potteau de boys (doc. Arch. Orléans,
ibid.); 1500
posteau cornier (
Registres des délibérations du bureau de la ville de Paris, I, 38 ds
Quem. DDL t. 21,
s.v. cornier);
2. spéc.
a) xves. servant à attacher une victime, un condamné «pilori»
atachier à ung postel de bois (
Enfances Vivien, éd. C. Wahlund et H. von Feilitzen, version en prose, p. 70, 503); 1671
attacher un criminel au poteau (
Pomey); 1801
prisonniers destinés au poteau (
Crèvecoeur,
Voy., p. 12); 1899
poteau d'exécution (
Clemenceau,
Iniquité, p. 9); 1918
au poteau! (
Barrès,
Cahiers, t. 2, p. 191);
b) α) 1679 portant un écriteau, un avis (
La Fontaine,
Fables, X, XIII);
β) servant de repère, de signalisation 1718
poteaux pour marquer les chemins (
Ac.); 1832
poteau-guide (
Raymond); 1842
poteau indicateur (
Ac. compl.); 1890
poteau kilométrique (
Zola,
Bête hum., p. 49);
c) 1845 sports
poteau de départ; poteau d'arrivée (
Besch.); 1939
coiffer sur le poteau (
Les sports, 11 juil.
in Lapaille, p. 28 ds
Quem. DDL t. 9);
d) 1849 supportant des fils conducteurs (
L. Figuier,
La Télégraphie électrique in R. des deux mondes, août, p. 614,
ibid., t. 10); 1870
les poteaux minces du télégraphe (
Verlaine,
OEuvres compl., t. 1, Bonne chans., p. 106); 1871
poteau télégraphique (
Rimbaud,
Poés., p. 120);
3. 1841 p. anal. «grosse jambe informe» (
Mozin-
Biber).
B. Fig. en parlant d'une pers.
1. 1259 «soutien, appui» (
Rutebeuf,
Du Pharisien, 68 ds
OEuvres, éd. E. Faral et J. Bastin, t. 1, p. 253: maint
postiau de sainte Yglise); 1400 «appui, ami» (Arch. nat. JJ 155, pièce 273 ds
Du Cange,
s.v. postellum: ses
posteaulx, c'est a dire les meilleurs de ses amis), ex. isolés; av. 1873
compter sur un potot (arg. des forçats d'apr.
Esn.);
2. 1883 arg. des voleurs «chef de bande» (
Fustier,
Suppl. dict. Delvau, p. 543); 1914 «homme du milieu»
les poteaux et les gonzesses (
L. Daudet,
loc. cit.). Dér. (à l'aide du suff.
-el, -eau*) du subst. a. fr.
post «poteau» (déb.
xiies.
Benedeit,
St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 1380), du lat.
postis «jambage de porte», au plur. «porte», à l'époque class.; «pieu, pilotis» au Moy. Âge (av. 532 ds
Nierm.). Le sens de «pilori» est relevé en a. prov. au
xiiies. (ds
Rayn.; 1268
Coutumes d'Albi ds
Levy Prov.), et en lat. médiév. en 1336 (à Béziers ds
Du Cange,
s.v. postellum).