POSSESSIF, -IVE, adj.
Étymol. et Hist. 1. Ca 1380 (
Roques, Rec. gén. des lex. du Moy. Âge, t.2, I, 9494: possessiuus.
possessis); mil.
xves.
possessif empl. par jeu de mots entre la relation grammaticale qui marque la possession et la jouissance des faveurs d'une femme (Ch.
D'Orléans, OEuvres, t.2, p.302); 1765
adjectif possessif (
Encyclop. t.13);
2. 1943
âme possessive (
Beauvoir, Invitée, p.118). Empr. au lat. des grammairiens
possessivus «qui marque la possession» (de
possessum, supin de
possidere «posséder»);
cf. l'a. prov.
possesiu terme de gramm. (
ca 1350,
Leys d'amors, fol. 57 ds
Rayn.).
Mise à jour de la notice étymologique par le programme de recherche TLF-Étym :
Histoire :
A. 0. a. possessif subst. masc. « pronom qui exprime la possession ». Attesté depuis milieu 14e siècle (GlParR, page 436, no 6.607 : possessivum : possessif). -
A. 0. b. possessif adj. « qui exprime la possession » (grammaire). Attesté depuis 2e moitié 14e siècle (AalmaR, page 322, no 9.494 : possessivus, ‑va, ‑vum : possessis ). -
A. 2. pronom possessif loc. nom. masc. « pronom qui exprime la possession ». Attesté depuis 1ère moitié 15e siècle (GramM4S, page 142, § 3 : .v. pronon possessif, c'est assavoir meus, tuus, suus, noster et vester ). -
A. 1. a. adjectif possessif loc. nom. masc. « adjectif qui exprime la possession ». Attesté depuis 1740 (Racine, Esther, page XXXI, in Google, Recherche de Livres : Racine emploie souvent l'adjectif possessif). -
A. 1. b. possessif subst. masc. « déterminant exprimant, entre autres rapports, la possession ». Attesté depuis 1572 (La Ramée, Grammaire1, page 134 : Quant au reste des præpositions, que les possessifs, Mien, tien,sien, nostre, vostre, peuvent recevoir, elles entrejettent [« intercalent »] larticle comme, Par le mien, pour le tien, Entre le sien). On observe qu'au 17e siècle la différence du pronom et de l'adjectif n'est pas encore bien prononcée, et c'est ainsi qu'Oudin, Grammaire1 déclare : « Je croy que les Poëtes de nostre temps ne se serviroient pas des phrases des anciens : le pere tien, le mien cœur, le frere sien […]. Je remarque, contre les reigles de nos vieux Grammairiens, que les possessifs […] ne se peuvent pas tous accommoder avec le nom d'unité, mais seulement mien, tien, et sien : un mien amy, un tien parent, un sien frere ; pour les autres, on ne dit point maintenant, un nostre garçon, un vostre serviteur, un leur amy » (Winkler, Doctrine grammaticale, page 108). Par ailleurs, on relève déjà au milieu du 15e siècle le jeu de mots entre la relation grammaticale qui marque la possession et la jouissance des faveurs d'une femme dans CharlD'OrlC, volume 2, page 302, vers 7 : Pour respondre au narratif De vostre briefve expositive, Elle fut premier voquative, Par le moien de genitif. Les six ducatz sont nombratif, Mais quant au fait du possessif La chose est un peu neutrative, cf. Städtler, Grammatiksprache, pages 55‑56. -
B. 1. possessif adj. « qui éprouve le besoin de posséder ». Attesté depuis ca 1372/1374 (OresmePolM, page 62 = DMF2 : Or appert donques que une espece laquelle est selon nature possessive est aucunement partie de yconomique et est devant, aussi comme servante et subministrative a elle). -
B. 2. possessif adj. « qui manifeste le besoin de posséder ». Attesté depuis 1501 (DestreesP, page 130, vers 1615 : Triste de coeur, annuyet et pensif, Tresaggravé de tout mal possessif, Cesar […] Jetta ung cry impetueux, terrible). -
Origine :
A. 0. a. Transfert linguistique : emprunt au latin des grammairiens possessivum subst. neutre « pronom possessif » (attesté depuis Quintilien, TLL 10/2, 101). Cf. Kuhn in FEW 9, 238a, possessivus 1.
A. 0. b./A. 2./A. 1. a. Transfert linguistique : emprunt au latin des grammairiens possessivus adj. « qui exprime la possession » (attesté depuis Pline, dans la loc. nom. pronomen possessivum, TLL 10/2, 101). Cf. von Wartburg in FEW 9, 444b, pronomen 1.
A. 1. b. Formation française : ellipse de pronom possessif loc. nom. masc. « pronom qui exprime la possession » (cf. ci‑dessus A. 2.). L'acception psychologique « qui s'exerce, agit dans un sens visant à l'appropriation » (B.) s'est développée à partir du sens grammatical et est usuelle aujourd'hui.
Rédaction TLF 1988 : Équipe diachronique du TLF. - Mise à jour 2008 : Thomas Städtler. - Relecture mise à jour 2008 : Nadine Steinfeld ; Éva Buchi ; Gilles Roques.