POSER, verbe
Étymol. et Hist. A. 1. Fin
xes.
pausar «déposer, ensevelir» (
Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 351);
ca 1050
poser «id.» (
Alexis, éd. Chr. Storey, 587);
2. a) 1188 «mettre en place une chose» (
Aimon de Varennes,
Florimont, éd. A. Hilka, 6250); 1680
poser la première pierre (
Rich.); 1579
poser (des) sentinelles (
Larivey,
Les Jaloux, éd. Viollet le Duc, VI, 46);
b) 1792 «jouer un dé au domino» (
Encyclop. méthod. Jeux, t.3, p.71); 1654 arithm. (
Cyrano de Bergerac,
Le Pédant joué, II, 2);
c) 1669 peint. «donner la pose appropriée au modèle» (
Molière,
Gloire du Val de Grâce, 91); 1840 mus.
poser la voix (
Garcia,
Art chant, p.95);
3. 1155 «fixer, déterminer, établir» (
Wace,
Brut, éd. I. Arnold, 71); 1269-78 «présumer, supposer»
poson que (
Jean de Meun,
Rose, éd. F. Lecoy, 18757-18758); 1657-62
cela posé (
Pascal,
Pensées, éd. Brunschvicg, section VII, 385); 1690
poser des principes (
Fur.); 1879
poser un acte «accomplir» (
Arrêt de la cour de cassation de Belgique ds
Dupré 1972);
4. 1718
poser l'état d'une question «déterminer d'une façon précise les termes d'une question» (
Ac.); 1789
poser une question (
Mirabeau, I, 295 ds
Ranft); 1862
poser sa candidature (
Sainte-
Beuve,
Nouv. lundis, t.1, p.400);
5. ca 1150 «établir quelqu'un dans une fonction» (
Wace,
St Nicolas, éd. E. Ronsjö, 160); rare jusqu'au
xixes. 1841 (
Balzac,
Fausse maîtr., p.44);
6. 1188 «mettre bas quelque chose qu'on porte sur soi» (
Aimon de Varennes,
Florimont, éd. A. Hilka, 2422); 1567
poser les armes (
Amyot,
Vies, Eumen, 8 ds
Gdf. Compl.); 1669
poser le masque (
Molière,
Tartuffe, 4, 4); 1837
poser ses scrupules (
Balzac,
Employés, p.38); 1866
poser sa chique «se taire», «mourir» (
Delvau, p.79); 1878
poser culotte (
Rigaud,
Dict. jargon paris., p.277).
B. 1. a) Ca 1140 «reposer (en parlant d'un mort)» (
Geoffroi Gaimar,
Hist. des anglais, éd. A. Bell, 1742);
b) 1680 «être appuyé sur quelque chose» (
Rich.);
c) 1822 peint. «(en parlant d'un modèle) rester immobile dans l'attitude voulue par le peintre» (
Delacroix,
Journal, p.20);
d) 1834
faire poser (qqn) «le faire attendre» (
Balzac,
Gaudissart, p.290);
e) 1835 «prendre des attitudes, des manières affectées (
Ac.); 1883
poser pour la galerie (
Huysmans,
Art mod., p.168);
2. a) ca 1145 verbe pronom. «s'étendre (sur un lit)» (
Wace,
Conception N.D., éd. W. R. Ashford, 1532);
b) av. 1794 «en parlant du regard» (
Chénier,
OEuvres poét., II, p.36);
c) 1846 «se faire, se donner une position avantageuse» (
Balzac,
Cous. Bette, p.91);
d) 1835
se poser comme (
Id.,
Fille yeux d'or, p.353); 1839
se poser en (
Id.,
Fille Ève, p.148); 1947
se poser là (
Fallet,
Banlieue sud-est, p.25);
3. a) 1538 part. passé «calme, mesuré» (
Est.); 1840
gens posés «qui ont une situation sociale bien assise» (
Balzac,
Prince Bohême, p.381);
b) 1869 verbe subst.
le poser «action du cheval qui pose un pied sur le sol» (
Littré); 1903 part. passé subst.
«id.» (Nouv. Lar. ill.); c) 1874 part. passé fém. subst. «endroit où un navire pose sur le fond» (
Rapport du préfet de la Manche dans
l'Avranchin, 8 nov.,
Suppl. ds
Littré Suppl. 1877). Du lat. pop.
pausare «cesser, s'arrêter», d'où dans le lat. des inscriptions chrét. «se reposer (en parlant d'un mort)», a pris le sens de
poser dans le lat. parlé de basse époque en absorbant les différents sens du lat.
ponere (v.
pondre), sens qui a éliminé le sens propre réservé à
reposer* (
Bl.-
W.;
cf. aussi
A. Stefenelli,
Geschichte des fr. kernwortschatzes, p.72 et 259).