POITRAIL, subst. masc.
Étymol. et Hist.A. 1. Fin
xies. judéo-fr.
peitral;
peitrail «partie du harnais qui se met sur la poitrine de l'animal» (
Raschi,
Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t.1, 785; 784);
ca 1140 [ms. fin
xiies.]
peitrel (
Gaimar,
Estoire des Engleis, éd. A. Bell, 6379); déb.
xiiies. [ms.]
poitrail (
Gl. Harley 2742, éd. P. Meyer ds
Romania t.24, p.164, 60);
ca 1210
poitrail [ms. de base 2
emoit.
xiiies.] (
Raoul de Houdenc,
Meraugis, éd. M. Friedwagner, 3009);
ca 1220
poitral <
aval > [ms.
anno 1288] (
Amadas et Ydoine, éd. J. R. Reinhard, 5643);
2. 1612
poitrail «région antérieure de la poitrine du cheval» (
Marc Lescarbot,
Hist. de la Nouv. France, éd. Tross, 1866, t.3, p.832 ds
Gdf.); 1678 (
Guillet, p.113).
B. 1508-09 charpent. «grosse poutre soutenant un mur de face» XII
poitraulx (
Comptes [
...]
du château de Gaillon, éd. A. Deville, p.394); 1583
poitrail (
Des Accords,
Bigarrures, p.55 ds
La Curne).
Poitral (poitrel) est issu du lat.
pectoralis, adj. «de la poitrine, qui couvre la poitrine», neutre subst.
pectorale «cuirasse» à l'époque class., et «attelle de cheval» au Moy. Âge (
ca 1070 ds
Nierm.; l'adj. ayant alors qualifié un mot tel que
helcium...). La forme
poitrail, par substitution du suff.
-ail* (
Nyrop t.3, § 155, 302). Le sens B s'explique prob. p.anal. parce que la poutre en question est située sur la façade du bâtiment,
cf. a. gasc.
peytrau «grosse poutre soutenant un mur de face» (1262 [ms.
xves.] Arch. mun. Bordeaux, Coutumes, p.193, 13 ds
Levy Prov.;
peyt[
u]
rau «
id.»
xives. Bayonne
Artistes en Béarn, p.121,
ibid.); l'a. toulousain
peitral «parapet de bois, de terre s'élevant à la hauteur de la poitrine» (
ca 1213,
Chans. de la Croisade albigeoise, éd. E. Martin-Chabot, laisse 159, 12) relève du même sémantisme que l'ital.
parapetto (
parapet*);
cf. également le subst. lat. médiév.
pectorale «grillage de protection [montant au niveau de la poitrine]»
ca 1100 ds
Nierm.