POIRE, subst. fém. Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 1165 bot. ([ Chrétien de Troyes], Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 432); b) 1640 se garder une poire pour la soif ( J. Chapelain, Lettre du 15 oct. ds Lettres, éd. Ph. Tamizey de Larroque, t.1, p.704); 2. a) poire d'angoisse a/ ) ca 1300 «sorte de poire» ( Les Crieries de Paris, 149 ds E. Barbazan, Fabliaux, t.2, p.284; v. FEW t.24, p.565a-b, note 2, à propos de la date de 1184, donnée par le TLF, s.v. angoisse);
β) ca 1433 avoir poires d'angoisse «avoir des déplaisirs» ( Charles d'Orléans, Complaintes, t.1, p.262, 33 ds R. Ling. rom. t.47, 1983, p.193); b) 1380 «petit flacon en forme de poire» ( Inventaire du mobilier de Charles V ds Laborde 1872: une poire d'or a metre eaue roze); c) 1669 artill., chasse ( Widerhold d'apr. FEW t.8, p.573b); 1797 poire à poudre ( Voy. La Pérouse, loc. cit.); d) 1870 poire (en caoutchouc) ( Wurtz, loc. cit.); e) 1876 électr. ( Chabat). B. 1. a) α) 1858 faire sa poire «jouer le dédain» ( Larch., p.656);
β) 1872 «face» (d'apr. Esn.);
γ) 1901 se sucer la pomme ou la poire ( Rossignol, Dict. arg., p.99); b) 1878-79 ma poire ( Gill, La Petite lune, n o40, p.2); 2. a) 1888 adj. «dupe» (d'apr. Esn.); b) 1893 subst. une bonne poire ( Courteline, Boubouroche, I, 2, p.27). Du lat. pop. pira, bot., neutre plur. considéré comme fém. sing. du lat. class. pirum « id.». Pour poire d'angoisse, v. angoisse ds TLF t.3 et FEW t.24, pp.564b-565b. Le sens de «face» semble dû à la célèbre caricature de H. Philippon, représentant la tête de Louis-Philippe sous forme de poire.
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