PLACER1, verbe trans.
Étymol. et Hist. 1. a) 1564 «mettre quelque chose ou quelqu'un en un certain endroit déterminé, disposer» (
Thierry:
se placer en un lieu convenable, id. est, se mettre, et y prendre sa place. Son contraire est desplacer); 1718 emploi abs. (
Ac.: On dit qu'
Un Officier place, pour dire, qu'Il donne des places, etc.); spéc.
b) av. 1662 jeu de paume
placer la balle (
Pascal, Pensées, éd. L. Lafuma,
OEuvres, Seuil, 1972, 696-22, p.592); 1694
id. placer son coup (
Ac.); 1718 escr.
placer son coup (
Ac.);
c) 1671 «situer, faire au moment choisi» (M
meDe Sévigné, Lettres, éd. Grands Écrivains de la France, t.2, p.178); 1690
mot, passage bien placé «dits ou cités fort à propos» (
Fur.); 1763
placé «pertinent» (
Cazotte, Ollivier, p.33); 1784
plaisanteries placées ou déplacées (
Diderot, Jacques le Fataliste, p.698);
d) 1696
ne pas trouver où placer un mot (
La Bruyère, Les Caractères ou les moeurs de ce siècle, VII, éd. Grands Écrivains de la France,
OEuvres, t.2, p.189);
e) 1835
placer un cheval «le maintenir en équilibre ou le mettre dans une certaine position pour le faire voir» (
Ac.);
f) 1910
placer sa voix (
Colette, loc. cit.);
g) 1931 danse
bien placé (
Meunier, Danse class., p.136);
2. 1582 «faire entrer dans une famille, notamment par le mariage» (
Garnier, Bradamante, 1916, éd. W. Foerster,
Tragédies, IV, 751 ds
IGLF); 1928
placé «marié, en ménage ou en concubinage» (
Lacassagne, Arg. «milieu», p.160);
3. 1629-30 «donner, accorder» (
Corneille, Mélite, III, 3, éd. M. Roques et M. Lièvre, vers 931: ô faveurs indignement
placées);
4. 1665 «assigner une place de choix, un rang, à quelque chose ou quelqu'un» (
Racine, Alexandre, III, 2, éd. R. Picard,
OEuvres, La Pléiade, I, p.206);
cf. aussi 1652
coeur (bien, mal) placé (
Rotrou, Don Lope de Cardone, I, 4,
OEuvres, 1820, t.5, p.507 ds
IGLF); 1833
(personne) bas placée (dans un rang social) (
Hugo, L. Borgia, II, 2, p.83); 1835 (ici, âme)
haut placée (
Stendhal, L. Leuwen, t.1, p.296); 1867
cheval placé (
Paz, Dict. des courses ds
Petiot);
5. a) 1676 «mettre en pension hors du milieu familial (un enfant)» (M
mede Sévigné, Lettre à Mmede Grignan, 17 mai, II, 96, éd. Gérard-Gailly ds
Quem. DDL t.13);
b) 1690 «pourvoir d'un poste, d'un emploi» (
Fur.: On dit [...] qu'un garçon
est bien
placé, quand il a quelque bon employ, ou quelque charge. Ce domestique
est placé en une bonne maison);
6. 1680 «investir (de l'argent)» (
Rich. t.2);
7. 1719 «situer dans l'espace ou dans le temps» (
Vertot, Hist. révol. Rom., t.2, p.191);
8. 1727 «faire résider dans, assimiler à» (
Ramsay, Voyages Cyrus, t.1, p.33);
9. 1755 «vendre, écouler» (
Montesquieu, Esprit des lois, t.3, p.56);
10. 1868 pronom. turf «prendre une bonne position dans le peloton» (
Le Sport, 11 mars ds
Petiot). Dér. de
place*; dés.
-er. Dans le lang. des courses (10) empr. à l'angl.
to place, att. en ce sens dep. 1831 (
NED).