PHONÉTIQUE, adj. et subst. fém.
Étymol. et Hist.1. 1822 adj. (
Champollion,
Lettre à M. Dacier, éd. du Centenaire, Paul Geuthner, 1922, p.4, 40 etc. d'apr. J.
Pohl ds
Arch. St. n. Spr., 205, p.368 et
sqq.);
2. 1869 subst. (
Littré). Empr. au gr.
φ
ω
ν
η
τ
ι
κ
ο
́
ς «qui concerne le son ou la parole» prob. par l'intermédiaire du lat. mod.
phoneticus, -a, -um (1797,
Zoega,
De origine et usu obeliscorum d'apr. J.
Pohl,
loc. cit.).
Mise à jour de la notice étymologique par le programme de recherche TLF-Étym :
Histoire :
I. adj. « relatif aux sons du langage » (linguistique). Attesté depuis 1801 [dans un compte rendu de l'ouvrage De Origine et Usu Obeliscorum du danois G. Zoega] (MagEnc, volume 7, page 222, in Google, Recherche de Livres : Le second chapitre intitulé, Litterarum apud Ægyptios usus et origo, présente d'abord les passages des anciens auteurs, relativement à ce sujet ; on examine les divers caractères usités chez ce peuple, les hiéroglyphes, leur origine et leur nature. L'auteur les regarde comme étant essentiellement différentes des peintures mexicaines, des chiffres chinois et même des figures symboliques des Ægyptiens. On en examine le nombre, la classification, leurs différens modes de signification, et surtout le mode phonétique, leur usage, durée, et les vicissitudes et changemens qu'ils ont éprouvés). Première attestation lexicographique : 1842 (Ac6 Compl. : phonétique. adj. des 2 g. (didact.) Qui se rapporte à la voix). -
II. 1. subst. fém. « ensemble des sons et des articulations d'une langue » (linguistique). Attesté depuis 1843 (Cantu, Histoire, volume 1, page 429, in Google, Recherche de Livres : Champollion […] juge comme nous impossible que la pure image de la chose signifiée devienne jamais l'écriture de son nom, ou qu'un hiéroglyphe passe à l'état phonétique sans avoir été précédé par l'alphabet des sons. Les Égyptiens faisaient donc usage contemporainement de trois genres d'écriture : la démotique ou écriture vulgaire, pour les besoins ordinaires de la vie ; l'hiératique ou sacerdotale, dans les livres ou sur le papyrus ; l'hiéroglyphique ou monumentale. Aucune de ces écritures ne pouvait toutefois exprimer la simple pensée tant que lui aurait manqué le secours de la phonétique ; aussi Champollion et Seyffarth s'accordent‑ils à croire que l'alphabet a été le germe des symboles hiératiques et hiéroglyphiques). Première attestation lexicographique : 1869 (Littré : 2° S. f. La phonétique, l'ensemble des sons d'une langue). -
II. 2. subst. fém. « science, dépendante notamment de l'anatomie, de la physiologie et de l'acoustique, qui étudie la production et la perception des sons des langues humaines, dans toute l'étendue de leurs propriétés physiques » (linguistique). Attesté depuis 1903 (Larousse2 : phonétique […] Partie de la grammaire qui traite des sons et des articulations). -
Origine :
I. Transfert linguistique : emprunt au latin scientifique phoneticus adj. « relatif aux sons du langage » (attesté en 1797 [G. Zoega, De Origine et Usu Obeliscorum], Pohl, ASNS 205, 369). La première attestation française disponible confirme en effet l'hypothèse étymologique (latinisme et non pas hellénisme) de Pohl, qui pensait en revanche à tort que c'était Jean‑François Champollion (le Jeune), en 1822, qui avait introduit le terme (“ aussi est‑il plus probable que le jeune Français doit le mot à un autre égyptologue, le danois Georges Zoega, qui l'avait employé sous sa forme latine ”, Pohl, ASNS 205, 369). Toutefois, si l'emprunt peut être imputé à l'auteur du compte rendu de Zoega, il n'en demeure pas moins que la notoriété et la diffusion du terme ont été assurées par les ouvrages retentissants du père de l'égyptologie moderne, en particulier par la fameuse Lettre à M. Dacier relative à l'alphabet des hiéroglyphes phonétiques (27 septembre 1822). Cf. Kuhn/Hoffert in FEW 8, 398a, phōnētikos, qui optent à tort pour un hellénisme.
II. Formation française : conversion de l'adjectif phonétique (cf. ci‑dessus I.).
Rédaction TLF 1988 : Équipe diachronique du TLF. - Mise à jour 2009 : Ève Michelini.. - Relecture mise à jour 2009 : Éva Buchi ; Stephen Dörr ; André Thibault ; Nadine Steinfeld.