PERLE, subst. fém.
Étymol. et Hist. A. 1. 1
remoit.
xiies. « petite concrétion ronde, brillante et dure, qui se forme à l'intérieur de certaines huîtres » (
1retrad. du Lapidaire de Marbode, 854 ds
Anglo-Norman Lapidaries, éd. P. Studer et J. Evans, p. 64); spéc.
a) 1260
pelles fausses (
É. Boileau,
Métiers, éd. G.-B. Depping, p. 193);
b) id. fines pelles (
Id.,
ibid.);
c) 1307
perles d'orient (doc. ds
Kalendars and inventories, éd. Fr. C. Palgrave, t. 3, p. 139);
d) 1690
mère perle (
Fur.);
e) 1936
perles de culture (
Cat. Madélios, Cadeaux);
f) 1534
emphiller des perles (
Rabelais,
Gargantua, éd. R. Calder, M. A. Screech, V. L. Saulnier, chap. 31, p. 200 : passons avec les dames nostre vie à
emphiller des perles, ou à filer comme Sardanapalus!);
g) 1553
jeter des perles aux pourceaux (
Bible Gérard, Matthieu 7, 6 d'apr.
Rey-Chantr. Expr.);
2. 1260 désigne un petit ornement de même forme que les perles mais d'une autre matière, ici,
pelles d'argent (
É. Boileau,
loc. cit.);
3. 1552 au fig. ici, désigne les dents de la femme aimée (
Ronsard,
Amours ds
Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 4, p. 94);
4. p. ext.
a) 1751 typogr. désigne le plus petit des caractères d'imprimerie (
Encyclop. t. 2, p. 663);
b) 1835 archit. (
Ac.);
c) 1853 pharm. (Dr
Clertan in
Journ. de méd. et de chir. pratiques, t. 24, p. 170 ds
Quem. DDL t. 8).
B. P. métaph.
1. 1532 « personne remarquable dans un domaine particulier » (P. Crignon
in J. Parmentier,
Œuvres poétiques, p. 4 ds
Quem. DDL t. 30); 1549 « personne qui dépasse toutes les autres en son genre » (
Est.);
2. 1923 « mot, expression ou phrase involontairement cocasse » (
Léautaud,
loc. cit.).
C. 1669
gris de perle (
Widerhold d'apr.
FEW t. 8, p. 254a); 1671
gris perle (
Pomey,
s.v. gris). Issu du lat.
perna « cuisse », également « coquillage », prob. par l'intermédiaire d'un dimin. lat. vulg. *
pernula. Un empr. à l'ital.
perla « perle » (
Bl.-W.1-5;
REW3n
o6418;
Hope, p. 47) est peu probable car le mot ital. n'est att. que dep. le
xiiies. (
Giamboni d'apr.
DEI; lat. médiév.
perla à Rome ds
Blaise Latin. Med. Aev.). V.
FEW t. 8, p. 256a et
Cor.-Pasc.