PENSER1, verbe
Étymol. et Hist.1. a) Fin
xes. «réfléchir, concentrer son esprit sur quelque chose» (
Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 55);
b) fin
xes. «estimer, imaginer» (
ibid., 339);
c) ca 1220
penser qqc. «avoir dans l'esprit (quelque chose)» (
Barlaam et Josaphat, éd. C. Appel, 5623);
d) 1534
penser come enfant (
J. Lefèvre d'Etaples, trad.
Bible, I
Cor. 13, 11);
2. fin
xies.
soi penser qqc. «songer à» (
Roland, éd. J. Bédier, 355);
3. a) déb.
xiies.
pensez de (+ verbe) «périphrase équivalent à l'impératif de l'infinitif substantivé» (
Benedeit,
St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 398);
b) ca 1160
penser d'aucun «évoquer mentalement quelqu'un, se le représenter par la mémoire ou l'imagination» (
Eneas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 1223);
ca 1165
penser à aucun «attacher sa pensée à quelqu'un qu'on aime» (
Troie, 17621 ds T.-L.);
c) 1160-74
penser de (+ inf.) «se mettre à, tâcher de» (
Wace,
Rou, éd. A. J. Holden, III, 10814);
ca 1165
penser de (+ inf.) «
id.» (
Troie, 10078 ds T.-L.);
d) ca 1200
penser à «songer à, se souvenir de, réfléchir à» (
Poème moral, 161a,
ibid.);
ca 1274
penser à (qqc.) «avoir dans l'esprit» (
Adenet Le Roi,
Berte, éd. A. Henry, 2723); 1306
penser à «ne pas oublier» (
Joinville, éd. N. L. Corbett, § 419);
e) 1306
penser à faire qqc. «avoir l'intention de» (
ibid., § 612);
f) 1636
penser à «pourvoir à» (
Monet); 1762
penser à tout pour qqn (
Rousseau,
Émile, II ds
OEuvres, éd. B. Gagnebin et M. Raymond, t.4, p.360);
4. a) 1155
penser que «être d'avis que» (
Wace,
Brut, éd. I. Arnold, 263);
b) ca 1160
penser «être absorbé par un souci, par des pensées accablantes» (
Éneas, éd. citée, 2221);
c) ca 1160
penser «concevoir un projet» (
ibid., 1692);
d) ca 1165
penser (+ inf.) «croire» (
Troie, 29997 ds T.-L.);
e) ca 1170
mal penser d'aucun «avoir mauvaise opinion de, concevoir un soupçon» (
Beroul,
Tristan, éd. E. Muret
4, 110); 1863
penser du bien de qqn (
Fromentin,
loc. cit.);
f) ca 1200
penser (+ inf.) «avoir l'intention de» (
Hist. Joseph, 299 ds T.-L.);
g) 1377
n'en penser pas mains (
Gace de La Buigne,
Roman des deduis, éd. Å. Blomqvist, 144);
h) ca 1393
penser à mal «avoir une mauvaise intention» (
Ménagier, éd. G. E. Brereton et J. M. Ferrier, I, VI, p.78);
xves.
penser mal «songer à faire du mal» (
Isopet III de Paris, éd. J. Bastin, t.2, p.401);
i) 1798
penser tout haut (
Ac.,
s.v. haut);
j) 1823
bien penser «avoir en politique des opinions conformes aux principes convenus» (
Courier,
loc. cit.);
k) 1935
pensez-vous? «expression ironique et familière pour dire qu'on ne croit pas que les paroles de l'interlocuteur soient à prendre au sérieux» (
Ac.). Forme sav. issue du lat.
pensare «peser, apprécier, évaluer» et, prob., à basse époque, «penser», fréquent. de
pendere «peser, réfléchir». V. aussi
panser et
peser. Pour l'évolution de la concurrence entre les verbes exprimant l'idée de
penser, v. en partic. A.
Greive,
Rêver, songer, penser im Französischen Synchronie, Diachronie und Geistesgeschichte ds
Rom. Forsch. t.85, pp.486-500.