PEINE, subst. fém.
Étymol. et Hist.1. 2
emoitié
xes. plur.
poenas «souffrances (surtout physiques) infligées à quelqu'un» (
St Léger, éd. J. Linskill, 151);
ca 980
penas «
id.» (
Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 62);
2. a) ca 1050
peine «mal que l'on se donne, souffrance voulue pour un but, un idéal» (
Alexis, éd. Chr. Storey, 611);
b) ca 1165
se mettre en peine de «se donner du mal pour» (
Troie, 23951 ds T.-L.);
c) 1176-81
être en peine de (
Chrétien de Troyes,
Chevalier lion, éd. M.Roques, 2878);
d) 1176-81
perdre sa peine «se donner du mal inutilement» (
Id.,
ibid., 892);
ca 1260
painne perdue, v.
perdre étymol. I 2 a;
e)1409 «travail, tâche» (
Trésor des Chartes de Rethel, 629, 25 ds
Runk., p.49); 1690
homme de peine (
Fur.);
f) 1461-69
prendre la paine (de) (
Pathelin, éd. R. T. Holbrook, 310);
g) 1461-69
pour ma paine (
ibid., 1214);
h) ca 1485
mourir à la peine (
Vieil Testament, XXXVI, 33263, éd. J. de Rothschild, V, 271);
i) 1540
se donner peine (de) (
Nicolas Herberay des Essars,
Amadis, éd. H. Vaganay, 30 ds
IGLF);
j)1587
valoir la peine (
N. du Fail,
Contes d'Eutrapel,
OEuvres facétieuses, éd. J.Assézat, t.2, p.128);
k) 1656
ce n'est pas la peine (
Pascal,
Provinciales, IV,
OEuvres, éd. L. Lafuma, Seuil, 1972, p.385);
3. a) déb.
xiies.
peines «souffrances infligées en enfer en châtiment du péché» (
St Brendan, 66 ds T.-L.);
b) ca 1165 «punition, châtiment infligé par la justice rendue par les hommes»
mortel peine (
Troie, 28358,
ibid.);
xiiies.
painne capital (
Cout. d'Artois, 79, Tardif d'apr. A.
Delboulle ds
R. Hist.litt. Fr. t.6, p.292);
c) 1301
seur la peine de «en encourant la peine (ici, une amende) de» (
Trésor des Chartes de Rethel, I, 481, 9 ds
Runk., p.87); 1303
sur peine de «
id.» (
Mém. de la Sté de l'hist. de Paris et de l'Ile-de-France, 1882, 109 ds
IGLF);
ca 1340
a paine de «
id.» (
Tombel de Chartrose, éd. E. Walberg, IV, 369); 1541
sous peine de (
Calvin,
Institution chrét., éd. J.-D. Benoît, IV, X, par. 2, p.187);
4. a) ca 1100 «souffrance morale, profonde affliction» (
Roland, éd. J. Bédier, 2519);
ca 1180
(être) en paine (
Thomas,
Tristan, éd. J. Bédier, XXXI, Le Mariage, 69);
b) 1601
faire peine à voir (
Montchrestien,
David, Tragédies, éd. Petit de Julleville, p.219 ds
IGLF);
5. a) déb.
xiies. «difficulté, souffrances ou obstacles s'opposant à la réalisation de quelque chose»
sanz peine (
St Brendan, 440 ds T.-L.);
b) ca 1100
a peine «avec difficulté, dans la souffrance» (
Roland, éd. J. Bédier, 1787); 1160-77
a painne «difficilement» (
Wace,
Rou, éd. A. J. Holden, II, 445, t.1, p.30),
a grant peine (
Id.,
ibid., III, 8206, t.2, p.190);
xives.
a peine «tout juste, pas encore tout à fait» (
Chevalier papegau, 7, 14 ds T.-L.); 1559
a peine rien «presque rien» (
J. Grevin,
La Trésorière, Théâtre complet, éd. L. Pinvert, p.62 ds
IGLF);
c) av. 1538
avoir peine de «avoir du mal de» (
P. Gringore,
OEuvres compl., éd. A. de Montaiglon et Ch. d'Héricault, I, 306,
ibid.); 1553
avoir peine à «
id.» (
Bible de l'imprimerie Jean Gerard, Marc 6, 48, p.15); 1587
avoir de la peine à «
id.» (
N. du Fail,
op.cit., t.2, p.72); 1656
avoir peine à croire «ne pas vouloir croire» (
Pascal,
op.cit., V,
ibid., p.387). Du lat.
poena «réparation, expiation, châtiment» (gr. π
ο
ι
ν
η
́ «
id.») d'où, en lat. de l'époque impériale «souffrance, affliction».