PEIGNOIR, subst. masc.
Étymol. et Hist.1. 1416
pignoer «nécessaire à coiffer» (
Inventaire du duc de Berry ds
Havard,
s.v. pignĕre: un
pignoer garny d'un pigne, d'un miroir et d'une grève d'ivoire en un estuy);
2. xves.
peignouer «linge que l'on met sur ses épaules lorsqu'on se peigne» (
Statuts des merciers, ds
A. Bourgeois,
Les Métiers de Blois, t.1, p.163);
3. 1693 «deshabillé» (Ch.
Dufresny,
Les Mal assortis, II, 4 ds
DG); 1827 (
MmeCelnart,
Man. des dames ou l'Art de la toilette, p.157 ds
Quem. DDL t.16);
4. 1814 «manteau de bain» (
Jouy,
Guillaume le franc-parleur, 2 juil.,
ibid., t.3). Dér. de
peigner*; suff.
-oir*.
Mise à jour de la notice étymologique par le programme de recherche TLF-Étym :
Histoire :
0. « nécessaire à coiffer ». Attesté de 1401 (Inventaire de Jean, duc de Berry, BnF fr. 11496, fo 68 vo, no 920 : Item d'un pignouer garni d'un pigne, d'un mirouer, d'une greve d'yvoire un [en] un estuy ou il a deux escussons aus armes feue ma dame la duchesse [vérification dans le ms. faite obligeamment par Géraldine Veysseyre]) à 1611 (Cotgrave : Peignoir : m. A comb‑case. Pegnouoir. The same. Pignoüer : m. A combe‑case). Par la suite, le mot est enregistré dans Trévoux7 et Trévoux8 : Peignoir. (Il) se dit aussi de la trousse où l'on enferme les peignes à peigner les cheveux. Par ailleurs, Ac6 Compl., Bescherelle1, Littré, Larousse1, et encore Larousse encyclopédique1 indiquent qu'il s'agit d'un ancien terme technique désignant la trousse dans laquelle les perruquiers mettaient leurs peignes. Quillet4 l'accueille au sens de « étui, trousse à mettre un ou plusieurs peignes ». En ce qui concerne l'attestation (pignouer) de 1557 relevée par le FEW 8, 106a, avec la valeur « étui à peigne », elle serait à classer sous A. -
A. « linge plus ou moins ample que l'on met sur ses épaules lorsqu'on se peigne ou qu'on se fait peigner ». Attesté depuis 15e siècle (Mét. Blois B., Statuts des Merciers, volume 1, page 163, [l] : Item, toutes soyes ouvrées et non ouvrées, comme coeffes, peignouers et aultres ouvrages). Première attestation de la graphie moderne : 1580 (RevSocSavDép, 5e série, volume 8, année 1874, Inventaire des habillements et parures d'une dame de Provence, pages 116‑117 = Inventaire de Draguignan, in GdfC : Item [...] le peignoir de Cambray [...] Et le pignoir d'Orrlande obrat de negre. -
C. « vêtement d'intérieur, non ajusté, généralement porté par les femmes ». Attesté depuis 1552 (Jodelle, L'Eugène, I, 1 : La linge blanc, la chausse nette, Les mignard pignoir d'Italie). C'est aussi pignoir qu'on rencontre en 1627 dans Sorel, Le berger extravagant, livre 4, page 180. Par ailleurs, on relève la forme pignouer dans une petite pièce en vers qui donne la date de 1604 pour l'introduction de cette mode à Rouen (L'Estoile, Mémoires‑Journaux, volume 11, page 239 : Pour les Dames et Damoiselles Sont cent mille Modes nouvelles : Pignouers, tabliers, calessons, Coiffures de cinq cens façons). Première attestation du phonétisme moderne : 1633 (Tristan L'Hermite, Plaintes d'Acante, la négligence avantageuse, page 63 : Je surpris l'autre jour la nymphe que j'adore ayant sur une jupe un peignoir seulement ; et la voyant ainsi, l'on eust dit proprement qu'il sortoit de son lit une nouvelle aurore. Ses yeux que le sommeil abandonnoit encore, ses cheveux autour d'elle errans confusement). — Remarque : pour des attestations du mot avec ce sémantisme au 18e siècle (Gherardi, Marmontel, Diderot, Rousseau, Vesque de Puttelange, etc) et au premier tiers du 19e siècle (Cubières‑Palmézeaux, Mme de Saluces), voir GoogleLivres. -
B. « vêtement ample que l'on porte au sortir du bain ». Attesté depuis 1805 [à Baden, en Allemagne, où ce vêtement fait office de tenue de bain pour les femmes] (Marie de Saint‑Ursin, Ami des femmes, page 103 : Les hommes portent dans le bain une paire de caleçons ; les femmes y sont vêtues d'un peignoir ouvert dans les côtés, et qui laisse le col, la gorge et les bras presque découverts ; autre occurrence page 160). Première attestation du syntagme peignoir de bain : 1853 (Montépin, Auberge, volume 1, page 31 : Simplement vêtues, d'ailleurs, d'un petit peignoir de bain, pas beaucoup plus large que ma main, elles [les dames indiennes] se jetteront à votre cou dès votre arrivée, et vous feront les avances les plus agaçantes). -
Origine :
0. Formation française : dérivé du verbe peigner* à l'aide du suffixe ‑oir* (‑oir, ‑oire*, I. A.). Cf. von Wartburg in FEW 8, 106a, pĕctĭnare 1.
A./C./B. Formation française : dérivé du verbe peigner* à l'aide du suffixe ‑oir* (‑oir, ‑oire*, I. A.). Cf. von Wartburg in FEW 8, 106a, pĕctĭnare.0. d'une part, A./C./B. de l'autre, sont deux formations séparées en français. Les ouvrages lexicographiques semblent indiquer qu'ils identifient les deux mots comme de simples homonymes. En ce qui concerne le phonétisme des attestations, il reflète la variation phonétique du simple jusqu'au 17e siècle : pignier, peignier (peigner*).
Rédaction TLF 1986 : Équipe diachronique du TLF. - Mise à jour 2010 : Anne Spica. - Relecture mise à jour 2010 : Nadine Steinfeld ; Yan Greub ; Gilles Roques ; Géraldine Veysseyre.Première mise en ligne : 22 novembre 2010.