PAVOIS, subst. masc.
Étymol. et Hist.A. 1. 1336 au plur. «grands boucliers dont on garnissait le bord supérieur des navires pour former un rempart à l'abri duquel on combattait» (
Armement de la nef la Catherine de Leure, 15 déc. ds
Actes normands de la Chambre des Comptes sous Philippe de Valois, éd. L. Delisle, p.149);
2. 1364 p.ext., avec changement de suff., au plur.
pavas «grandes pièces de toile tendues sur le bord supérieur des navires et destinées à cacher l'équipage à l'ennemi» (
Compte de J. dou Four, Arch. KK 3b, f
o35 v
ods
Gdf.); 1643
pavois (
Fournier,
Hydrographie, p.831); 1874 désigne les pavillons dont on orne le gréement d'un navire en signe de réjouissance (
Lar. 19e); 1887 spéc.
grand pavois (
Loti,
loc. cit.).
B. 1365 au plur.
pavays «grands boucliers ovales ou rectangulaires faits de bois léger recouvert de cuir ou de lames de fer» (doc. 17 janv. ds
Mandements et actes divers de Charles V, éd. L. Delisle, p.138); 1
remoitié du
xvpavois (
Le Viandier de Taillevent, ms. du Vatican, éd. J. Pichon et G. Vicaire, p.274); 1576 spéc.
mettre (un roi mérovingien) sur un pavois «(le) proclamer roi» (
Du Haillan,
L'Histoire de France, p.11); 1827 p.ext. (
Chateaubr.,
Mél. hist., p.46: Mgr le duc de Berry éleva un drapeau blanc, et, sur ce
pavois du nouveau Champ-de-Mars, proclama le premier le monarque); 1845 au fig. (
Balzac,
Lettres Étr., t.3, p.26: [à propos d'une symphonie] Voilà la première fois que la fougue parisienne ne se trompe pas et n'élève pas sur le
pavois une sottise). Empr. à l'ital.
pavese «bouclier d'osier ou de bois recouvert de cuir» (dep. le
xiiies.,
panvese d'apr.
DEI;
pavese, 1
remoitié du
xives. ds
Tomm.-
Bell.), propr. «(objet) de Pavie», du lat.
pavensis «de Pavie»: Pavie fut prob. au Moyen Âge un centre réputé de fabrication d'armes (
cf. heaumes Paviëis,
ca 1165,
Benoît de Ste-
Maure,
Troie, éd. L. Constans, 14370 et
passim;
escuz pavaiz, 1337 ds
DG; lat. médiév. domaine ital.
pavensis «bouclier fabriqué à Pavie» en 1275 ds
Vidos, p.521 et en 1299 ds
Du Cange).