PATRIMOINE, subst. masc.
Étymol. et Hist.1. Ca 1150 «ensemble des biens, des droits hérités du père» (
Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 6760); 1160-74 opposé à
matremoingne (
Wace,
Rou, Chron. ascendante, éd. A. J. Holden, 98); spéc.
a) 1174-78
le patremoine au Crucefiz [du Crucifié] «les biens ecclésiastiques, les biens de l'Église» (
Étienne de Fougères,
Livre des Manières, éd. R. A. Lodge, 210: ...con est vilain li prestre Qui en vil leu met sa mein destre!... Lor soignans peissent, lor mestriez, Del
patremoine au Crucefiz, Et lor effançonez petiz Des trenteus qu'il n'ont deserviz);
cf. 1226-27
Guillaume le Clerc,
Besant de Dieu, éd. P. Ruelle, 685
sqq.;
ca 1265
la patremoine Dieu (
Rutebeuf,
L'Etat du monde ds
OEuvres, éd. E. Faral et J. Bastin, t.1, p.385, 50); 1679
patrimoine des pauvres (
Louis Thomassin,
Discipline de l'Église touchant les bénéfices, Paris, t.2, 2
eéd., I, IV, 5, § 1, p.384a: tous les biens de l'Église sont le
patrimoine des pauvres comme ayant esté donnez originairement aux pauvres; confiez à l'Église comme à la mère de tous les pauvres),
b) 1265
le patrimoine saint Piere (
Brunet Latin,
Trésor, éd. Fr. J. Carmody, I, 98, 29);
2. fig.
a) 1718 «génitoires» (
Le Roux);
b) 1823 (
Boiste: La bonne réputation est un second
patrimoine). Empr. au lat.
patrimonium «bien de famille, patrimoine» au propre et au fig. (
patrimonium paterni nominis, Cicéron;
patrimonium populi «le trésor public», Florus) dans la lang. class.; dans la lang. eccl. «patrimoine de l'Église; patrimoine de saint Pierre» (
Blaise Lat. chrét.; v. aussi
Nierm.); au Moy. Âge, plus spéc.
patrimonium Crucifixi «les biens ecclésiastiques» (av. 1159
St Bernard,
De consideratione sui, IV) et
patrimonia pauperum (
Capitularia, lib. I, cap. 77 ds
Du Cange,
s.v. patrimonium; v. aussi A. Långfors ds
Neuphilol. Mitt. t.46, 1945, pp.117-122).