PATARIN, subst. masc.
Étymol. et Hist.1. Ca 1280
patelin [var.
palatin, patarin] «hérétique» (
Livre au roi ds
Assises de Jérusalem, éd. A. Beugnot, t.1, p.620); 2
emoitié
xiiies.
Paterins (
Assisae mss. Siculae Caroli I Regis, cap. 1 ds
Du Cange,
s.v. Paterinus);
2. 1732
Paterin «au
xies., membre d'une association de chrétiens de Milan qui luttaient contre la simonie et le mariage des prêtres» (
Trév.). Du lat. médiév.
patarini (av. 1080,
Arnulfus de Milan ds
Du Cange,
loc. cit.),
paterini (fin
xies.,
Bonizo de Sutri ds
Blaise Latin. Med. Aev. et
Théol. cath. t.11,
s.v. Patarins) «membres de la
Pataria, mouvement religieux de la 2
emoitié du
xies. à Milan, qui luttait contre les vices du clergé de l'époque, en partic. le mariage des prêtres et la simonie». P. ext., le mot a été appliqué, à partir du
xiies. à diverses hérésies (
Pathareni «bogomiles» fin
xiies.,
Huges Éthérien ds
Encyclop. Univ. t.19; «cathares» 1179 au Concile de Latran,
ibid. et ds
Théol. cath. t.11;
patareni «vaudois» 1254 ds
Du Cange). L'orig. du mot
patarinus n'est pas bien assurée. L'hyp. la plus vraisemblable semble celle d'une dér. de l'ital.
Pattaria, nom d'un quartier pauvre de Milan où a pris naissance le mouvement des Patarins, et qui signifie «quartier des fripiers» (
Du Cange,
Littré,
Gde Encyclop.).
Pattaria est dér. du milanais
patee «fripier» (corresp. à l'a. ital.
pattière) et celui-ci de
pata «chiffon, guenille, haillon» (
Du Cange,
s.v. Pataria, DEI, s.v. pattière), qui correspond au fr. dial. et région.
patte «chiffon» (
cf. patte2). P. ext.,
pataria a également désigné le mouvement des Patarins de Milan (
Du Cange,
s.v. Patarea, Théol. cath. t.11,
Blaise Latin. Med. Aev.,
Encyclop. Univ. t.19). Une autre hyp., suggérée par une glose de Bonizo de Sutri (
xies.), permettrait de rattacher
patarin directement à l'ital.
pata «guenille, haillon» mentionné ci-dessus (
Théol. cath. t.11: «Le nom de
patarin avait été donné aux zélotes milanais par leurs adversaires, comme une appellation injurieuse:
eis paupertatem improperantes, Paterinos, id est pannosos vocabant, dit Bonizo de Sutri») [
pannosos = «déguenillés, haillonneux»]. Mais il s'agit prob. ici d'une étymol. pop. Selon
DEI, s.v. paterini, le nom de
patarin serait peut-être dér. du nom de la ville de
Patara en Asie Mineure, la connexion avec la
Pattaria (quartier des fripiers) de Milan semblant secondaire.