PASSIONNER, verbe trans.
Étymol. et Hist.A. Faire souffrir
1. ca 1223
paissïoné de paissïon «tourmenté de souffrances physiques» ici, en parlant des damnés en enfer (
Gautier de Coinci,
Miracles, éd. V. F. Koenig, II
Dout. 34, 774, t.4, p.470);
2. id. trans. «faire souffrir, tourmenter moralement» (
Id.,
ibid.,
Li Salu Nostre Dame, II Sal 35, I, 365, t.4, p.561: Ave dame. Tes cuers mout
fu passïonés Quant veïs que tes fius fu a passïon nés); 3
equart
xves.
soi passionner de aucun «s'inquiéter de quelqu'un» (
Georges Chastellain,
Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, t.2, p.186).
B. 1. a) Rendre passionné, susciter, engendrer des réactions passionnées fin
xves.
passionné de «plein de colère, furieux de» (
Commynes,
Mém., éd. J. Calmette, t.1, p.6, 18); 1559
soi passionner «se laisser emporter par la passion» (
Amyot, trad.
Plutarque,
Hommes illustres, Fabius Maximus, § XXIII, éd. G. Walter, t.1, p.392); 1579
un passionné subst. masc. (
P. de Larivey,
Les escolliers, III, 4, éd.
Anc. théâtre fr., t.6, p.138);
b) av. 1577 «inspiré par la passion»
calomnies passionnées (
B. de Monluc,
Commentaires, éd. P. Courteault, I, p.83);
2. 1554
passionner apres «s'éprendre, tomber amoureux de» (
Ronsard,
Le Bocage, XI, 12 ds
OEuvres, éd. P. Laumonier, t.6, p.56); 1588
vers passionnés (
Ollenix du Mont-
Sacré,
Sec. liv. des Berg. de Julliette, fol. 29 v
ods
Gdf. Compl.); 1607
passionné de «fortement épris de (quelqu'un)» (
H. d'Urfé,
L'Astrée, 1
repart., IV, éd. H. Vaganay, t.1, p.108);
3. 1580
se passionner de «s'intéresser avec passion à, être captivé par (quelque chose)» (
Montaigne,
Essais, I, XXXIX ds
OEuvres, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p.242); 1588 trans. (
Id.,
ibid., III, IX, p.997); 1857
passionnant «qui captive» (
Gobineau,
Corresp. [avec Tocqueville], p.282);
4. 1675 «donner un caractère, un tour animé» (
Bouhours,
Rem. ds
Littré:
Passionner se dit depuis quelques années pour réciter avec ardeur, mettre de la passion dans ses paroles:... elle
passionne tous les airs). Dér. de
passion*; dés.
-er.