PASSER1, verbe
Étymol. et Hist.A. Intrans.
1. ca 1050
passer «traverser un lieu» (
Alexis, éd. Chr. Storey, 517); 1370-72 au fig.
passer outre «cesser de traiter un sujet» (
Oresme,
Ethiques, éd. A. D. Menut, t.1, p.184);
2. ca 1050 «s'écouler (du temps)» (
Alexis, 51);
3. ca 1165
passer de ceste vie «trépasser» (
Benoît de Ste-
Maure,
Troie, éd. L. Constans, 4091);
4. ca 1220 «être agréé, convenir» (
Simon,
Trois Ennemis de l'Homme, 3295 ds T.-L.);
5. 1500 (
Intern. Consol., III, XIII ds
Gdf. Compl.: Tous les sainctz de Paradis sont
passez par temptacions);
6. fin
xves. «s'effacer, s'altérer» (
Guillaume Coquillart,
Complaincte de Eco ds
OEuvres, éd. M. J. Freeman, p.115);
7. [fin
xiiies.
soi passer pour «être considéré comme» (
Sone de Nansai, 20478 ds T.-L.)] 1604
passer pour (
Montchrestien,
David, Tragédies, éd. L. Petit de Julleville, p.208);
8. 1655
y passer «subir (une peine, un châtiment, la mort)» (
Molière,
L'Estourdy, éd. R. Bray, acte II, scène 3).
B. Trans.
1. ca 1050 (
Alexis, 515: le saint cors ne pourent
passer ultra);
2. ca 1100 p.anal. temporel (
Roland, éd. J. Bédier, 816: le jur
passerent Franceis a grant dulur);
3. a) ca 1100 «dépasser» (
ibid., 524: Men escient dous cenz anz
ad passet);
b) ca 1120 «aller au-delà (de la vue)» (
St Brendan, éd. I. Short et B. Merrilees, 1652);
4. ca 1100 «faire traverser» (
Roland, 1272: Sun bon espiet (...) par mi le corps li
passet);
5. ca 1120 «subir, supporter» (
St Brendan, 574);
6. 1130 «ne pas tenir compte de» (
Lois de Guillaume, éd. J. E. Matzke, 4);
7. 1130-40 «surpasser» (
Wace,
Vie de Sainte Marguerite, ms. A, éd. E. A. Francis, 452);
8. ca 1245 «omettre» (
Saint Auban, 1355 ds T.-L.);
9. ca 1330
passer souz silence (
Girart de Roussillon, éd. E. B. Ham, 5507);
10. fin
xives. «frotter quelque chose sur quelque chose» (
Froissart,
Chroniques, éd. Luce, t.2, p.171); 1694 en partic. «affiler (un couteau)» (
Ac.);
11. ca 1393 «tamiser» (
Ménagier de Paris, éd. G. E. Brereton et J. M. Ferrier, p.131); 1530 en parlant de substances liquides (
Palsgr., p.738);
12. fin
xives.
passer un traictié (
Froissart,
Chroniques, éd. G. Raynaud, t.9, p.87);
13. ca 1450
maître passé (
Mistère du Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 8730);
14. 1549
laisser passer une chose comme qui ne la voiroit point (
Est.); 1580
passe! (
Montaigne,
Essais, I, 27, éd. P. Villey, p.181);
15. 1588 «satisfaire (une envie)» (
Id.,
ibid., III, 6, p.899);
16. 1677
qui passe perd (M
mede Sévigné,
Lettres, éd. M. Monmerqué, t.5, p.163); 1608 jeux (
C.Oudin,
Dialogues fort plaisans, p.63 ds
Quem. DDL t.21);
17. 1690
passer debout (de marchandises) (
ibid.);
18. 1684
passer en compte (M
mede Sévigné,
op. cit., t.8, p.85).
C. Pronom.
1. a) 1176-84
se passer de qqc. «se contenter de» (
Gautier d'Arras,
Ille et Galeron, éd. F. A. G. Cowper, 1228), également
se passer à dans ce sens, att. jusqu'au mil.
xviies., v. J.
Orr,
R. Ling. rom., t.20, pp.21-40;
b) fin
xives.
se passer bien de qqc. «ne pas regretter l'absence de» (
Froissart,
Chroniques, éd. G.Raynaud, t.9, p.124);
2. fin
xives. (
Id.,
ibid., t.10, p.291: ceste cose
se passa);
3. ca 1450 (
Mistère du Viel Testament, 9225: la douleur tost
se passera).
D. Part. prés.
1. a) ca 1250 subst. «personne qui passe à un endroit» (
Vie de St Jean l'Aumônier, éd. K. Urwin, t.1, p.88, vers 3024);
b) 1345 «celui qui passe» (
Archives de Reims, éd. P. Varin, t.2, p.971);
2. 1347 «anneau de boucle de ceinture» (
Inv. de J. de Presles, Bibl. de l'Ec. des ch., XXXIX, 91 ds
Gdf.);
3. 1464 adj. «où l'on passe» (A. Seine-Inférieure, G 3839 ds
Gdf. Compl.: chemins
passans). Du lat. vulg.
*passare «traverser», dér. de
passus «pas» (v. ce mot),
cf. ital.
passare, prov.
pasar, esp.
pasar, port.
passar, v.
REW3, n
o6267.