PARTI, subst. masc.
Étymol. et Hist.I. 1. Ca 1200 numism. «monnaie de compte valant une demi-maille» (
Jean Bodel, Jeu de St Nicolas, éd. A. Henry, 281 et 294, v. note, p.189 et N. Dupire ds
Romania t.68, 1944-45, p.204); 1320, 1350 Flandre (doc. ds
Du Cange, s.v. partitus);
2. 1680 hérald. (
Rich.).
II. Part revenant à quelqu'un
1. fin
xiiies. «partie, portion» (
Mathieu Le Vilain, Météores d'Aristote, éd. R. Edgren, I, 1, p.5, 12: Et a chascunne planete
parti de son ciel);
2. 4
equart
xives. «situation, état, conjoncture»
soi metre en dur parti; soi veoir en un parti (
Froissart, Chron., II, § 319, éd. S. Luce, t.11, p.17; III, § 7, t.12, p.30);
id. estre en dur parti d'armes «en situation militaire difficile» (
Id., op. cit., I, § 233, t.3, p.183); spéc.
a) 1639
faire un fort mauvais parti à (quelqu'un) (
Tristan L'Hermite, Panthée, III, 3 ds
Littré);
b) 1646
prendre parti «s'engager dans une situation, un état» (
N. Perrot d'Ablancourt, Les Guerres d'Alexandre par Arrian, 1. 1 ds
Rich. 1680); 1679 «profession, état» (
Fléchier, Hist. Théodose, II, 39 ds
Littré);
3. a) fin
xves. «traitement, condition avantageuse offerts à quelqu'un»
offrir de beaulx et grandz partiz (
Commynes, Mém., éd. J. Calmette, t.2, p.264); spéc. 1580 en parlant d'un mariage (
Montaigne, Essais, I, XXXIII, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p.219);
b) 1538 «personne à marier considérée par rapport à sa naissance, sa fortune» (
Est. d'apr.
FEW t.7, p.680a); 1606 (
Nicot);
c) 1734
tirer parti de (
Montesquieu, Causes de la grandeur des Romains, XV ds
OEuvres, éd. R. Caillois, t.2, p.151);
4. 1616-20 «part de profit attribuée pour la levée de certains impôts; ferme d'un impôt» (
D'Aubigné, Hist. universelle, IX, 1 ds
Hug.: Ces marchands s'advisèrent de le mettre dans le
parti du sel); 1623 (Ch. Sorel,
Francion, VII, éd. E. Roy, t.3, p.57: Son père... un des plus grands Usuriers de la France... ne s'addonnoit qu'a... prendre quelques
partis);
5. av. 1658 math.
règle des partis [ainsi dite parce qu'on partageait les chances] (
Pascal, Le Triangle arithmétique ds
OEuvres, éd. J. Chevalier, p.115).
III. Détermination, solution choisie pour résoudre une situation
1. 4
equart
.iventrer en un parti; prendre un parti (
Froissart, op. cit., I, § 232, t.3, p.89; III, § 7, t.12, p.30);
2. fin
xves.
prendre parti «adopter résolument une décision» (
Commynes, op. cit., t.3, p.215);
ca 1590
prendre parti de + inf. (
Pascal, Pensées, 333 ds
OEuvres, éd. citée, p.1171); 1664
prendre son parti «se résigner» (
Molière, Princesse d'Elide, V, 3); 1667
prendre le bon parti (
Boileau, Satires, VIII ds
OEuvres, éd. F. Escal, p.45); 1798
c'est un parti pris (
Ac.).
IV. Groupe à part.
1. Groupe de personnes unies contre d'autres en raison de leurs opinions communes 1415 (
Procès de Jean Fusoris, éd. L. Mirot ds
Mém. Société hist. Paris t.27, 1900, p.175: dit... que... au Roy, a nul Angloys, ne à aultres de leur
parti ou aliance il n'a point rescript); 1465, 21 oct.
tenir le parti de (quelqu'un) (
Lettres de Louis XI, éd. J. Vaesen et E. Charavay, t.3, p.2) ; 1606
suyvre le parti d'aucun (
Nicot); 1636
prendre le parti de (quelqu'un) (
Corneille, Cid, II, 7); 1640
se mettre du parti de (quelqu'un) (
Id., Cinna, III, 4); 1688
esprit de parti (
La Bruyère, Caractères, De l'homme, § 63 ds
OEuvres, éd. J. Benda, p.311); 1798
homme de parti (
Ac.);
2. 1606 «ensemble de personnes ayant des aspirations communes»
estre du parti des gens de bien (
Nicot);
3. 1619 «groupe organisé de citoyens ayant les mêmes convictions politiques» (
F. Bacon, Les Essais politiques et moraux, trad. de I. Baudoin, p.149 ds
Mack. t.1, p.69);
4. «groupe de soldats détachés pour accomplir une mission» [
cf. Pomey 1671]; de là 1655
faire parti «faire un coup de main» (
Molière, Étourdi, III, 6). Part. passé masc. subst. de
partir1*; a servi à traduire le lat.
pars, plur.
partes «parti politique». Le sens I 2 parce que le blason ainsi nommé portait des armes parties. Pour la formation de sens III, spéc. III 2, v. L. Foulet ds
Romania t.69, 1946-47, pp.145-73.