PAROISSE, subst. fém.
Étymol. et Hist. A. 1. 1155 «circonscription ecclésiastique où s'exerce le ministère d'un curé» (
Wace,
Brut, éd. I. Arnold, 5244); 1174-76 (
Guernes de Pont-
Sainte-
Maxence,
St Thomas, éd. E. Walberg, 3312);
2. 1174-87
barroche «église de la paroisse» (
Chrétien de Troyes,
Perceval, éd. F. Lecoy, 6231: Se tu es an leu ou il ait Mostier, chapele ne
barroche); 1287
l'uis de la barroche (doc. ds
Gdf. Compl.);
3. fig.
a) 1376
estre paroissien de la grant paroisse aus chiens «être du nombre de ceux qui se laissent mener à la baguette [comme des chiens]» (
Modus et Ratio, 118, 779-80, éd. G. Tilander; v. le gloss.);
b) av. 1520 [
estre]
de deux paroisses «être faux, trahir» (
Rec. Trepperel, I,
Sotties, éd. E. Droz, XV, 405, p.334);
4. 1636 «l'ensemble des paroissiens» (
Monet:
Parroisse, cors des parroissiens).
B. 1283 «circonscription rurale» (
Philippe de Beaumanoir,
Beauvaisis, éd. A. Salmon, 1387). Du lat. chrét.
parochia désignant le territoire d'un ressort eccl., spéc. le ressort d'une église épiscopale, un diocèse (employé dans ce sens, concurremment avec
diocesis jusqu'à la fin du
xies.,
ca 1076 ds
Nierm.); fin
ive-début
ves.
St Jérôme,
Paulin de Nole ds
Blaise Lat. chrét.; −au plur. des paroisses, d'abord communautés chrétiennes situées hors de la cité épiscopale: début
ves.,
ibid.; −de là des églises de campagne:
ves.,
Sidoine Apollinaire,
ibid.; −fin
viiies. le ressort d'une église paroissiale,
Nierm.; puis au Moy. Âge l'ensemble des paroissiens:
xiies. ds
Blaise Latin. Med. Aev. Le lat.
parochia est une altération d'une forme ant.
paroecia (
Hier.,
Ep., 82, 8 et
passim ds
Blaise Lat. chrét.; transcr. du gr. eccl. π
α
ρ
ο
ι
́
κ
ι
α «séjour dans un pays étranger»
Septante Sagesse, XIX, 10;
Actes, XIII, 17 [désigne le séjour en Égypte]; puis «communauté, église particulière» début
ives.; «diocèse» 2
emoitié
ives. ds
Archéol. chrét. t.13, 2
epartie, col. 2199) sous l'infl. du lat. class.
parochus «régisseur des magistrats en voyage» (transc. du gr. π
α
́
ρ
ο
χ
ο
ς de π
α
ρ
ε
́
χ
ω «fournir, offrir, présenter»). π
α
ρ
ο
ι
́
κ
ι
α est dér. de π
α
́
ρ
ο
ι
κ
ο
ς proprement «celui qui habite à côté, près» désignant les étrangers, ceux qui n'ont pas droit de cité (
Septante Gen. XV, 3), de π
α
ρ
ο
ι
κ
ε
ι
̃
ν «demeurer auprès de; séjourner dans un pays comme étranger» (
Septante Gen. XII, 10 [à propos d'Abraham séjournant en Égypte]), les chrétiens se considérant comme citoyens de l'au-delà, de passage dans la cité terrestre.