PARADIS, subst. masc.
Étymol. et Hist.A. 1. Fin
xes. «lieu où les âmes des justes jouissent de la béatitude» (
Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 300: Eu t'o promet, oi en cest di Ab me venras in
paradis);
ca 1050 (
St Alexis, éd. Chr. Storey, 173: Quar il ad Deu bien ed a gret servit, Ed il est dignes d'entrer en
paradis);
ca 1135 (
Couronnement de Louis, éd. Y. G. Lepage, réd. AB, 431: Qui en ce jor morra en la bataille, En
paradis sera son herbergage); 1188 le paradis considéré comme le comble de la félicité (
Aimon de Varennes,
Florimont, 6019 ds T.-L.: Est gueris qui la [la pucele] puet vëoir; Vis est qu'il soit em
paradix);
2. fin
xiies. «bonheur parfait, béatitude» (
Mainet, III, 3,
ibid.); 1226-27 (
Guillaume le Clerc,
Besant de Dieu, éd. P. Ruelle, 452: Querez vus autre
paradis Que seeir en tel palefrei);
3. 1269-78 «séjour des divinités païennes» (
Jean de Meun,
Rose, éd. F. Lecoy, 5399);
4. 1597 mar. «anse d'un port où les navires sont en sûreté» (doc. ds
Jal1);
5. 1606, avr. «amphithéâtre placé dans la partie la plus haute d'un théâtre» (doc. ds
G. Cohen,
Compte des dépenses pour le Mystère de la Passion, 1925, LI).
B. 1. Ca 1135 «jardin merveilleux où, selon
Gen. II, 8-10, Dieu plaça Adam et Ève» (
Couronnement de Louis, 703); 1146-70 (
Jeu d'Adam, éd. W. Noomen, 198, 345);
ca 1200 le paradis considéré comme un lieu riche et fécond, aux productions délectables (
Aye d'Avignon, 62 ds T.-L.: ... qui ert vaillant et clere [la pierre precïose] De
paradis terrestre l'avoit on aportee);
ca 1240 (
Narbonnais, 4318,
ibid.: ... une espice aroment, ... En
paradis fu prise voirement, Là ò Dex fist Adan primierement); spéc.
a) 1225-30
graine de paradis (
Guillaume de Lorris,
Rose, éd. F. Lecoy, 1341);
b) 1256
poume de paradis «banane» (
,,Régime du corps`` de Aldebrandin de Sienne, éd. L. Landouzy et R. Pépin, p.99, 6); 1538
pomme de paradis «pomme d'api» (
Est.,
s.v. malus);
c) 1585
oyseaulx de paradis (
Franchières,
Fauc., ms. Chantilly 1528, fol. 5 r
ods
Gdf. Compl.);
d) 1521
fleur de paradis (
Trév.). Empr. au lat. chrét.
paradisus (gr. π
α
ρ
α
́
δ
ε
ι
σ
ο
ς «parc clos où se trouvent des animaux sauvages [en parlant des parcs des rois et des nobles perses]» empr. à l'iranien [
Chantraine], utilisé dans les
Septante aux sens B [
Gen. II, 8] et A [
Luc XXIII, 43; 2
Cor. XII, 4]) «parc, enclos» (Aulu-Gelle), «jardin délicieux» (
Cant. IV, 12), employé pour désigner le paradis terrestre (Tertullien, St Jérôme), le séjour des justes, le ciel [p.oppos. à
inferi] (Tertullien), de là le sens de «lieu de bonheur spirituel» (St
Augustin,
Gen. Man. ds
Blaise Lat. chrét.).
Cf. la forme adaptée a. fr.
pareïs «séjour des élus» (
ca 1100,
Roland, éd. J. Bédier, 1855, 2396; 1121-35
parais terrestre Philippe de Thaon,
Bestiaire, éd. E. Walberg, 1456); pour la forme a. fr.
parevis, parvis, v. ce dernier mot.