PAIX, subst. fém.
Étymol. et Hist. A. 1. a) 2
emoitié du
xes. «concorde, tranquillité régnant dans les rapports entre deux ou plusieurs personnes» (
St Léger, éd. J. Linskill, 109: Et Ewruïns fist fincta
pais);
b) 1160-74
en paiz «en toute tranquillité» (
Wace, Rou, éd. A. J. Holden, III, 9852);
c) 1688
juge de paix, v.
juge; 2. a) ca 1100 «rapports calmes entre concitoyens, absence de troubles, de violence» (
Roland, éd. J. Bédier, 391);
b) ca 1155
tenir en pais (
Wace, Brut, éd. I. Arnold, 38);
3. a) ca 1100 «situation d'une nation, d'un État qui n'est pas en guerre» (
Roland, 73: Branches d'olives en voz mains porterez, Ço senefiet
pais et humilitet);
b) α) ca 1200 «trêve» (
Chanson de Guillaume, éd. D. McMillan, 543:
Pes ne demandent ne triwes nen unt pris);
β) 1317 «traité de paix» (Doc. ds
Gdf. Compl.);
ca 1439
traichiet de paix (
Antoine de La Taverne, Journal de la Paix d'Arras, éd. A. Bossuat, p.66).
B. 1. a) Ca 1050 «état de tranquillité que donne l'accomplissement des préceptes religieux» (
Alexis, éd. Chr. Storey, 623: En icest siecle nus acat [Alexis]
pais e goie);
b) 1160-74 «état de celui dont le repos n'est pas troublé» (
Wace, Rou, III, 546);
2. a) début du
xiies.
estre en pais «rester tranquille» (
St Brendan, éd. I. Short et Br. Merrilees, 872);
b) 1165-70
lessier (aucun) an pes (
Chrétien de Troyes, Erec et Enide, éd. M. Roques, 1278);
3. 1779 [éd.] «état, caractère d'un lieu où il n'y a ni agitation ni bruit» (
Roucher, Les mois, t.2, p.25).
C. 1. a) Ca 1200 relig.
doner la pais (
Graindor de Douai, Conquête de Jérusalem, 7192 ds T.-L.);
b) 1690
baiser de paix (
Fur.);
2. 1306 «patène que l'on baise à la fin de la messe» (
Joinville, St Louis, éd. N. L. Corbett, § 589: Je alai prenre la
pez au clerc et la portai au roy). Du lat.
pax, pacis «paix (après une guerre, tranquillité, repos [au propre et au fig.])». La graphie étymol.
paix a évincé l'anc. forme
pais ou
pes. Le sens C 1 remonte au lat. chrét.
pacem dare «donner le baiser de paix» (
cf. Blaise Lat. chrét. et
FEW t.8, p.95a, note
2).