PAILLOT2, PAILLOL, subst. masc.
Étymol. et Hist.I. Paillol 1382 mar. «fond, plancher de cale de navire» (
Comptes du clos des galées de Rouen, éd. Ch. Bréard, p.45: en laquelle galée il faut le
paillol de proue, une planche où l'en met le pain en soutte); 1512
pailliau (
Inv. de la galère Sainte-Claire, ms. B 1232, f
o11, Arch. Bouches-du-Rhône ds
J. Fennis, La Stolonomie, p.421); 1690
payol (
Coupe d'une galère par Passabon ds
Jal1); 1877
id. (
Littré Suppl.); 1944
paillol (
Aymé,
Vogue, p.104).
II. Paillot 1. 1542 mar.
paglot «soute des galères affectée au pain» (
Bertrand de La Boderie, Disc. du voyage de Constantinople, éd. V. L. Bourrilly ds
R. Ét. rab. t.9 1911, p.205: Et de biscuit le
paglot quasi vuide); 1622
paillo (
J. Hobier, Constr. d'une gallaire ds
Jal1: La 4
echambre s'appelle le
paillo où se tient l'escrivain avec le pain et le biscuit); att. sous la forme
paillo, pallio ds
Trév. 1704-71; 1691
paillot (
Seconde partie du traitté de la constr. des galères, ms. Paris, Serv. hist. de la mar., 134 [1486], f
o76 ds
J. Fennis, La Stolonomie, p.421);
2. 1842
id. «forçat employé aux écritures» (
Ac. Compl.). I terme du Bassin méditerr.: cat.
pallol (
xiiies. ds
Cor.-
Pasc., s.v. pañol; 1331 ds
Alc.-
Moll), ital.
pagliuolo (1. Naples:
xiiies. lat. médiév.
a paliole, Vidos, p.500; 1460
de palleolis, ibid.; 2.
xvies. [?] a. génois
pagliolo, génois mod.
paggiêu, ibid.), port.
payol, paiol (1456 ds
Mach.; 1508 ds
Jal1), esp.
panol (1539 ds
Cor.-
Pasc.), le prov. n'est relevé qu'à l'époque mod. (
Mistral). Étant donné l'orig. des 1
ersex. (à l'Arsenal de Rouen où les Génois travaillaient en nombre; puis en Provence au début du
xvies.) et l'ancienneté du mot dans le domaine ital., il est probable que le génois est à la base de cet ensemble. Il aurait été une première fois employé à Rouen, serait passé à Marseille, et de là définitivement en fr. L'a. cat. est prob. de même orig. génoise, le cat. étant ensuite passé en esp. et en port., v.
J. Fennis, op. cit., pp.421-424. À l'orig. du génois est un dér. en
-olu (
-ol*) de
palea (
paille*), parce que primitivement, ces cales, abritant des réserves de vivres, étaient, dans un souci d'isolation, jonchées de paille. L'esp. a subi l'infl. de
pano «drap», une étoffe étant également susceptible d'isoler les vivres du sol, ou de
pan «pain». L'étymon lat.
palliolum, dér. de
pallium «couverture de lit» (
Cor.-
Pasc.) semble moins fondé, étant donné l'habitude, largement répandue au Moy. Âge, de constituer à diverses fins, des assises, des couches, des matelas de paille, v. ce dernier mot. −L'a. fr. connaît le dér. fém. en
-ole*, de
paille*: 1. fin
xies. judéo-fr.
pail(l)ole «paillette, parcelle d'or» (
Raschi, Gl., éd. A. Darmesteter et D. Blondheim, t.1, n
o762);
ca 1280
or en paillole (
Adenet Le Roi, Cleomadès, éd. A. Henry, 1343); 2.
ca 1200 «brin de paille» (
J. Renart, Escoufle, éd. F. Sweetser, 5231); 1231 «grenier à paille» (doc. ds
Gdf.). II altération de I à l'aide du suff.
-ot*; l'hyp. d'un empr. à l'ital.
pagliotto (1813,
DEI) ne semble pas fondée, l'ital. étant plutôt un hapax empr. au français.