PÉNITENCE, subst. fém.
Étymol. et Hist.1. a) Ca 1050 «mortification» (
St Alexis, éd. Chr. Storey, 546: Ki ad pechet bien s'en pot recorder, Par
penitence s'en pot tres bien salver);
ca 1165
estre en penitance (
Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 1210); 1174-87
estre en penitance [le Vendredi saint] (
Chrétien de Troyes,
Perceval, éd. F. Lecoy, 6090); déb.
xiiies.
faire penitance [
id.] (
Chevalier au barisel, éd. F. Lecoy, 88);
b) déb.
xiiies. cont. non relig.
faire greveuse penitance [en parlant d'un amant éconduit par sa dame] (
Chastelain de Couci [?],
Chansons, éd. A. Lerond, XIII, 8, p.115);
2. ca 1100 «peine imposée au pécheur pour l'expiation de ses fautes» (
Roland, éd. J. Bédier, 1138: Clamez vos culpes, si preiez Deu mercit; Asoldrai vos pur voz anmes guarir. ... Par
penitence les cumandet a ferir);
ca 1165 (
Guillaume d'Angleterre, 1215); fin
xiies.
doner penitance a pechëor (
Béroul,
Tristan, éd. E. Muret, 1391); 1174-87
doner penitance du pechié (
Chrétien de Troyes,
Perceval, 6217);
3. ca 1120-50 «sacrement de réconciliation avec Dieu reposant sur le repentir de ses fautes»
prendre penitence (
Grant mal fist Adam, I, 64 ds T.-L.);
ca 1130
prendre pénitance (
Li Vers del Juise, 95,
ibid.);
4. 1155 «repentir des fautes commises à l'égard de Dieu» (
Wace,
Brut, 8494,
ibid.); 1174-76 (
Guernes de Pont-
Ste-
Maxence,
St Thomas, 650,
ibid.: Cil se repent forment, de ses mesfaiz se dolt; Itele
penitence devant Deu süef olt); fin
xiies.
venir a penitance (
Béroul,
op. cit., 2347);
5. 1559 «punition» cont.non relig. (
Amyot, trad.
Plutarque,
Hommes illustres, Caesar, XLIV, éd. G. Walter, t.2, p.450). Empr. au lat.
paenitentia, dér. du verbe impers.
paenitet (prob. dér. de
paene «à peine»,
Ern.-
Meillet) proprement «ne pas avoir assez de; ne pas être satisfait de», de là «avoir du regret, se repentir de» (sens qui entraîne la graphie
poenitet, poenitentia par rapprochement avec
poena, v.
peine).
Paenitentia signifie «regret, repentir», spéc. dans la lang. chrét. «regret du péché; démarches, modalités de la pénitence [jeûne, mortification; pénitence publique; signes visibles du repentir]»:
paenitentiam implorare, petere, dare; in paenitentiam mittere; «remise des péchés, réconciliation»
ves.; plus spéc. «le sacrement de réconciliation [
Liber pontificalis, cf. Théol. cath. s.v., 12-1, col. 764-809;
xiies. Alain de Lille; de là:
forum paenitentiae, terme de théol. «le tribunal de la pénitence»]; peine imposée par le confesseur [Alain de Lille]» v.
Blaise Lat. chrét. et
Blaise Latin. Med. Aev. L'a. fr. a aussi connu des formes plus francisées:
penance (1120-50
fere penance Grant mal fist Adam, II, 1 ds T.-L.),
peneance (
ca 1135,
Couronnement de Louis, éd. Y.G. Lepage, réd. AB, 1392).