OUVRER, verbe trans.
Étymol. et Hist. 1. a) Fin
xes. intrans. «agir, opérer» (
Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 7:
obred [parfait 3
epers. du sing.]); 1121-34
ovrer (
Philippe de Thaon, Bestiaire, 302 ds T.-L.);
b) 1176
id. «agir, travailler» (
Chrétien de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 5482: il
oevre, et point, et taille);
2. début
xiies. trans. «façonner des matériaux» ici part. passé adj.
or ... uvrét «travaillé, façonné» (
St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 1077); en partic. 1140 «orner du linge par des travaux d'aiguille» (
Voyage de Charlemagne, éd. P.AEbischer, 430); p.ext.
a) ca 1165 «décorer» (
Benoît de Ste-Maure, Troie, 963 ds T.-L.);
b) 1559 «travailler des objets comme un ouvrage de lingerie»
vases ... ouvrez à l'antique (
Amyot, P.Aem., 56 ds
Littré);
3. a) 1690
bois ouvré «qui est passé par les mains de l'ouvrier» (
Fur.);
b) 1868
ouvrer les bois «préparer du bois en forêt pour qu'on puisse le mettre en ordre» (
Littré);
4. 1690 cynégét.
levriers oeuvrez (
Fur.); 1771
lévriers ouvrés (
Trév.). Du b. lat.
operāre, lat. class.
operārī
«travailler, s'occuper» lui-même dér. de
opera «travail, activité», v.
oeuvre; a été remplacé dep. le
xviies. par
travailler*, d'autant mieux que l'homon. de
ouvrer et de
ouvrir* à diverses formes était gênante (
FEW t.7, p.366a) −
oeuvrer* lui, étant encore de quelque usage, grâce à
oeuvre*−;
ouvrer n'a actuellement que des accept. techn. et survit dans quelques parlers de l'Est et du Nord-Est au sens de «travailler» (
FEW, op. cit., p.365a).